Pour l’entendre en latin :
Gloire, Flaminio, des Nymphes d’Apollon,
Toi qui peux, de tes vers, freiner le cours rapide
Du Tibre et contenir le fougueux Aquilon
___‒ Comme au Notus passer la bride ;
Ô toi qui amadoues, des sons de ta cithare,
Le tigre, même hostile, et la sauvagerie ;
Qui d’un plectre latin sais toucher le barbare,
___Et charmer l’homme au cœur impie ;
Si tu peux à jamais arrêter en chantant
Les fleuves et laver le ciel de sa nuée
Quand les grands vents partout y vont retentissant
___‒ Et calmer l’âme remuée :
Mets le plectre à ta lyre, et joue de ces accords
Que d’une oreille amie ira bien vite entendre
Lygide, trop cruelle et rude en ses abords
___‒ Afin qu’elle me soit plus tendre.
Tu en recueilleras plus de célébrité,
Et en tireras plus ‒ aussi ‒ de sympathie,
Que d’avoir de tes vers, ton luth et ton doigté,
___Apaisé la mer en furie.
Nympharum decus, o Flamini Apollinis
cursum qui rapidi carmine Tibridis,
spirantemque morari boream potes ;
___nec non praecipitem notum.Qui lenis cithara, sint licet asperae,
tigres, atque ferarum genus omnium ;
Latinoque movens pectine barbaros,
___mulces corda virum impia.Si sic dum canis et sistere flumina
possis perpetuo, et nubila tergere
cum venti celeres undique perstrepunt,
___et sedare animos probe,plectro tange lyram ; dicque modos quibus
crudelis nimium saevaque Lygida
sic aures modo amicas satis applicet,
___ut jam sit mihi lenior.Nam si feceris id, te mage redditum
cognosces celebrem, teque magis pium ;
quam si versiculis arteque barbiti
___placasses rabiem maris.
(in Io. Baptistae Pignae carminum lib. quatuor [1553] p. 23)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.