Qui est Martial ?
La mare desséchée aux effluves fangeux
La mofette à Tibur du ruisseau sulfureux,
L’antique puanteur d’un vivier d’eau marine,
Le bouc nonchalamment fricassant sa caprine,
Le croquenot fourbu du soldat rempilé,
L’habit que le murex a deux fois maculé,
Le jeûneur du sabbat dont l’haleine est infecte,
Le fumet tourmenté de l’homme qu’on suspecte,
La lampe qui s’éteint de l’immonde Léda¹,
L’onguent que les Sabins font avec du caca²,
La pisse de renard, le nid de la vipère :
C’est ce qu’à ton odeur, Bassa, moi je préfère.
¹ : Il s’agit sans doute d’une prostituée de bas étage.
² : La ceroma était une embrocation à l’usage des lutteurs. Le sens général de faex que je traduis par « caca » est celui de « résidu » : en l’occurrence, il doit s’agir des boues de décantation de l’huile d’olive. On me pardonnera d’extrapoler un peu…
Quod siccae redolet palus lacunae,
crudarum nebulae quod Albularum,
piscinae vetus aura quod marinae,
quod pressa piger hircus in capella,
lassi bardaicus quod evocati,
quod bis murice vellus inquinatum,
quod jejunia sabbatariarum,
maestorum quod anhelitus reorum,
quod spurcae moriens lucerna Ledae,
quod ceromata faece de Sabina,
quod volpis fuga, vipera cubile,
mallem quam quod oles olere, Bassa.
(in Epigrammaton liber IV, 4)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.