Qui est Gottfried Benn ?
La bouche d’une fille, après un long séjour dans une roselière,
semblait toute rongée.
Quand on lui ouvrit la poitrine, l’œsophage était criblé de trous.
Au bout du compte on découvrit dans un abri sous le diaphragme
une nichée de jeunes rats.
Une sœurette y gisait morte.
Les autres subsistaient, nourris de foie, de reins,
s’abreuvant de sang chaud, et ils avaient eu là
une belle jeunesse.
Et leur mort vint pareillement belle et rapide :
On les jeta dans de l’eau tous ensemble.
Ah, les petits museaux, qu’est-ce qu’ils ont couiné !
Der Mund eines Mädchens, das lange im Schilf gelegen hatte,
sah so angeknabbert aus.
Als man die Brust aufbrach, war die Speiseröhre so löcherig.
Schließlich in einer Laube unter dem Zwerchfell
fand man ein Nest von jungen Ratten.
Ein kleines Schwesterchen lag tot.
Die andern lebten von Leber und Niere,
tranken das kalte Blut und hatten
hier eine schöne Jugend verlebt.
Und schön und schnell kam auch ihr Tod:
Man warf sie allesamt ins Wasser.
Ach, wie die kleinen Schnauzen quietschten!
(in Morgue, 1912)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.