Tu te hissais aussi parmi ces cheveux blancs¹
Sans que l’on y pût croire : une obscure figure.
Vers quoi je m’inclinais, toute d’empressement
Pour sa lumière étrange à mainte dentelure
Et je t’y vis marcher, cheminant longuement,
Changeant avec aisance en fortune changeante
Et je te vis entrer dans l’invécu des temps.
La vue expédiée était évanescente
Quelquefois : tu tremblais comme le fait sur l’eau
S’y perdant à demi le reflet d’un nuage.
Je dessillai mes yeux, les ouvrant de nouveau
Afin d’accommoder. Et me vis te suivant
Lointaine : en quelque lieu que fût ton arrivage
S’y tenait mon amour, immense et attendant.
¹ : Il s’agit, comme l’indiquent le titre du poème et celui du recueil, des poils blancs du cactus cephalocereus senilis, dit en français « barbe de vieillard ».
Auch diesem weißen Haar entstiegest Du
Unfaßbar, ein verhangenes Gesicht.
Ich beugte mich ganz überstürzt ihm zu
Von einem fremden vielgespaltnen LichtUnd sah darin Dich lange Wege schreiten,
Wechselnd gewandt in wechselndes Geschick,
Und sah Dich in die ungelebten Zeiten
Eingehn. Es losch mir der gesenkte BlickZuweilen so, daß Du wie in den Weihern
Ein Wolkenbild, ein fast verlornes, schwanktest.
Ich schlug das Auge auf aus seinen SchleiernIn das Bestimmte wieder. Und ich sah
Dir folgend ferne: Wohin Du gelangtest,
Stand meine Liebe groß und wartend da.
(in Mit einer kleinen Sammlung von Kakteen,
Avec une petite collection de cactées, 1926)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.