Voici ce que dit, de cette épitaphe, Frédéric Plessis, dans son excellent Poésie latine : épitaphes (Paris, 1905 ; page 169) : « Épitaphe d’une jeune femme qui fut, semble-t-il, assassinée par un voleur qu’avaient tenté ses bijoux. […] C’est une œuvre maladroite, mais intéressante par l’effort personnel de l’auteur, un affranchi probablement ou quelque plébéien, par sa tentative pour raconter une petite histoire… sur laquelle la gaucherie de l’exécution laisse planer un mystère irritant pour la curiosité. »
Garçon qui lis ces mots : si t’est chère une fille,
Concède-lui peu d’or à porter à ses bras.
Il est juste qu’elle ait des colliers de résille¹
Et veuille des présents dignes de ses appas.
Offre-lui des tenues mais sans luxe qui crie,
Évite de la sorte adultère et voleur.
Car pour un serpent d’or on tua ma chérie²,
Dont j’eus le cœur percé d’éternelle douleur.
¹ : L’expression latine n’est guère claire ; le mot à mot peut signifier sans réelle certitude « des éléments articulés » (artus) « formant un filet » (laqueatos)
² : Vers obscur ; ab artus est grammaticalement incompréhensible ; on est obligé à reconstruire le sens en fonction du contexte ; speciosus au sens de « voyant », « ostentatoire ».
(tu), quicumque legis titulum iuvenis, quoi sua carast,
auro parce nimis vincire lacertos.
illa licet collo laqueatos inliget artus,
et roget, ut meritis praemia digna ferat.
vestitu indulge, splendentem supprime cultum:
sic praedo hinc aberit, neq(ue) adulter erit.
nam draco consumpsit domina(m) speciosus ab artus,
infixumq(ue) viro volnus perpetuumq(ue) dedit.
(in Carmina Latina epigraphica, 1037)
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.