Ah, le Rhin. Pas un fleuve
de la connaissance.
__Werner DÜRRSON
Regard pointé contre courant,
résistances d’un jeune enfant :
vers la source, vers la source, me rafraîchir
au fil de l’eau. Pas la mer, pas
le chemin rapide, ne pas sombrer
dans l’assemblée des vagues et des tourbillons.
Le regard sur l’origine, la circulation
de l’eau, je me rêve roche quand je suis
sédiment, grain de sable, emporté puis
déposé derechef, à la façon des morts
creusant des trous dans le village : lequel écarte
les jambes pour accueillir de nouvelles semences.
Les barques ont disparu, des planches
pourries dans l’eau jouent
fugaces à la nostalgie. Graswerth, pas un asile
pour les oiseaux, qui vont plus loin. Migration. Couvaison.
Le bruit du pont, de la fontaine pérenne, poussée
du fret le long des routes, just in time.
Dois-je avoir des racines, dans cette terre ?
Le paysan bat sa faux et
me fauche. À un croisement
je reste au sol, abandonné. Provisoirement,
pour ce petit instant de vérité :
attention, ici on vole des pères !
Les cerises, rouges, probes appellations,
extraites de la brochure présentant la région
car les fruits à noyau n’ont pas de mémoire,
dénoyautées ou vite crachées :
Büttner, Empereur François, Geisepittersch,
Lorenze, Keglersch, Cœur clair, Jabuly.
Petits pas d’enfants vers la pointe sud,
exultants de leur sans-gêne,
de leur rupture avec les routines
des vieilles gens qui, leur vie durant
partis et diligents
continuent de faire, continuent d’aller ;
longer le cimetière où justement quelqu’un
ouvre la porte menant aux morts.
Le grincement des gonds est
avalé par le mur, la prochaine crue
va karchériser toute pourriture.
On devra refaire les tombes à neuf.
En rêve les rapides bateaux à moteur,
des gens sans visages qui bondissent
bruyamment. Leur fun, just for. Là c’en était
fait de grands-pères centenaires.
On parlait de cailloux et de socquettes
blanches pour jeunes filles, de saluts nazis.
Prenant congé j’avais quitté l’île
sans me presser. Les pommes sous les arbres. Reposaient-elles
loin ou pas de leur tronc ? Qui suis-
je pour en décider ? Fruits tombés et lieux pourris.
Et sous le couvre-lit de mon gris d’hôtel il n’y avait
ni mon grand-père ni mon père, que moi.
Ach der Rhein. Kein Fluss
der Erkenntnis.
__Werner DÜRRSON
Die Blickrichtung gegen den Strom,Widerstände eines kleines Kindes:zur Quelle, zur Quelle, mich labenam Rinnsal. Nicht das Meer, nichtder schnelle Weg, in der Gesellschaftder Wellen und Strudel nicht untergehen.Auf den Anbeginn blicken, des WassersKreislauf, träume mich als Fels, bin dochein Sediment, Korn nur, weggetragen undspäter wieder angeschwemmt, so wie ToteLöcher reißen in das Dorf, das die Beinespreizt, um neuen Samen zu empfangen.Die Nachen sind verschwunden, morschePlanken liegen im Wasser und bespielenflüchtig Nostalgie. Graswerth, kein Ruheplatzfür Vögel, die weiterziehen. Migration, Brut.Der Lärm der Brücke, stetes Brummen, Auftriebder Fracht entlang der Trassen, just in time.Ich soll Wurzeln haben, in dieser Erde?Der Bauer dengelt seine Sense undschneidet mich ab. An einer Weggabelungbleibe ich unbeachtet liegen. Vorerst,für diesen kleinen Moment Wahrheit:Vorsicht, hier werden Väter gestohlen!Die Kirschen, rote, aufrechte Namen,abgeschrieben aus dem Heimatbuch,denn Steinobst hat kein Gedächtnis,entkernt oder schnell ausgespuckt:Büttner, Kaiser Franz, Geisepittersch,Lorenze, Keglersch, Helle Herz, Jabuly.Kleine Kinderschritte zur Südspitze,frohlockend in ihrer Taktlosigkeit,in ihrem Ausreißen aus dem Trottder alten Leute, die ihr Leben längstabgegangen und unverdrossenweitermachen, weitergehen;am Friedhof vorbei, wo irgendjemandgerade das Tor zu den Toten öffnet.Das Quietschen in den Angeln wirdvon der Mauer geschluckt, aller Moderkärchert das nächste Hochwasser ab.Die Gräber werden neu zu richten sein.Im Traum die schnellen Motorboote,das laute Aufspringen von gesichtslosenMenschen. Ihr fun, just for. Da war esum hundertjährige Großväter geschehen.Von Kieseln war die Rede und von weißenJungfrausöckchen, von einem deutschen Gruß.Zum Aufbruch war ich das Eiland ohne Hastabgegangen. Die Äpfel unter den Bäumen. Obsie weit vom Stamm lagen oder nicht? Wer binich, dies zu entscheiden? Fallobst und faule Stellen.Und unter der Bettdecke meines grauen Hotels lagweder mein Großvater, noch mein Vater, nur ich.