de l’eau saumâtre dans les baignoires récupérées
dans les pâtures à vaches, dans l’abreuvoir déborde
le ciel, trouble potage. mais le goût des brins d’herbe
dépend du mufle des laitières, demi-sec,
fumé, épicé, du bruit fait quand elles mâchent, remâchent,
huileux, juteux, discret. Tous ici les comprennent (borgnes
et bêtes que nous sommes), à cela personne d’autre
ne comprend rien. ou c’est rare, mais alors comme il faut :
gros mots, gros mangements, moments d’immense tendresse.
NB : J’ai, privilégiant les sonorités et les effets de rythme, un peu gauchi le texte initial. La poésie me le pardonnera sans doute.
brackwasser in den umgewidmeten badewannen
auf den viehweiden, in der tränke schwappt
der himmel, trübe suppe. aber der geschmack
der grashalme, je nach mundart der milchkühe, feinherb,
rauchig, würzig, wie sie jeden laut zerkauen, käuen,
ölig, saftig, stumm. jeder versteht sie hier (blind
und blöd wie wir sind), niemand sonst
versteht das. selten einmal, aber dann richtig:
kraftausdrücke, kraftfutter, momente größter zärtlichkeit.