Ignjat Đurđević [dit aussi Ignazio Giorgi] (1675-1737) : Fontaine prenant sa source dans un tombeau

tombeau fontaine

Tombe romaine devenue fontaine


De ce vers quoi tout court, toi tu nais : il n’est d’eau
Qu’avec plus de justesse on n’appelle éternelle.
Dans la mort tu prends vie et lies tombe à berceau
Sans redouter la mort – envers toi maternelle.

Froide – car au travers de corps froids tu jaillis –
Et pure – le trépas purgeant toute substance –,
Procyon ni l’été naissant ne te tarit
– Le ciel bien plutôt craint l’endroit de ta naissance.

Plonge en cette eau ton front bouffi d’orgueil, passant :
Ton front s’y empreindra de cette antinomie :
« Je meurs de vivre et vis de mort ». Tu vis autant
Pour ne pas vivre et meurs pour aller à la vie¹.

¹: Ces vers sont à comprendre au sens de la doctrine chrétienne voulant que la vie sur terre ne soit pas la vraie vie, cette dernière ne pouvant être pleinement vécue qu’après la mort.

Omnia quo properant, tu nasceris inde, nec ulla
__Iustius hoc nomen lympha perennis habet.
Viva e morte venis, finem coniungis et ortum,
__Nec mortem metuis, quae tibi facta parens.

Et gelida, haud mirum, gelidos si transilis artus,
__Pura es, nam sordes tergere fata solent.
Non Procyon, non te validi Canis hauriet ortus,
__Formidant ortus nam magis astra tuos.

Quisquis ades, tali tumidum caput ablue lympha,
__Dogmata nam capiti suggeret ista tuo:
Dat mihi vita necem, mors vitam; te quoque certum est
__Vivere, ne vivas, ne moriare, mori.

(in Poetici lusus varii [1700] épigramme 82)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Marcantonio Flaminio (1498-1550) : Paroles de fontaine / Fons Nicolai Rodulphi cardinalis

Qui est Marcantonio Flaminio ?

Flaminio fait s’exprimer la fontaine
du cardinal (de Florence) Nicolas Rodulphe :

« Moi dont le cours fluait entre de hauts taillis
Je hante le palais d’une auguste lignée :
Grâces t’en soient rendues, grand Rodolphe, toi qui
M’as parmi le sein dur des montagnes guidée
Pour me faire, connue à peine des troupeaux,
Laver les mains des rois, leur face, de mes eaux. »


Quod solitus silvis liquido pede currere in altis
Nunc celebro augustae regia tecta domus,
Gratia magna tibi, magne Rodulphi; meam tu
Per duri montis viscera ducis aquam:
Ut qui vix fueram pecori bene cognitus ante,
Nunc regum lymphis ora manusque lavem.

(in Carminum libri VIII [1727], liber II , p. 73)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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