De ce vers quoi tout court, toi tu nais : il n’est d’eau
Qu’avec plus de justesse on n’appelle éternelle.
Dans la mort tu prends vie et lies tombe à berceau
Sans redouter la mort – envers toi maternelle.
Froide – car au travers de corps froids tu jaillis –
Et pure – le trépas purgeant toute substance –,
Procyon ni l’été naissant ne te tarit
– Le ciel bien plutôt craint l’endroit de ta naissance.
Plonge en cette eau ton front bouffi d’orgueil, passant :
Ton front s’y empreindra de cette antinomie :
« Je meurs de vivre et vis de mort ». Tu vis autant
Pour ne pas vivre et meurs pour aller à la vie¹.
¹: Ces vers sont à comprendre au sens de la doctrine chrétienne voulant que la vie sur terre ne soit pas la vraie vie, cette dernière ne pouvant être pleinement vécue qu’après la mort.
Omnia quo properant, tu nasceris inde, nec ulla
__Iustius hoc nomen lympha perennis habet.
Viva e morte venis, finem coniungis et ortum,
__Nec mortem metuis, quae tibi facta parens.Et gelida, haud mirum, gelidos si transilis artus,
__Pura es, nam sordes tergere fata solent.
Non Procyon, non te validi Canis hauriet ortus,
__Formidant ortus nam magis astra tuos.Quisquis ades, tali tumidum caput ablue lympha,
__Dogmata nam capiti suggeret ista tuo:
Dat mihi vita necem, mors vitam; te quoque certum est
__Vivere, ne vivas, ne moriare, mori.
(in Poetici lusus varii [1700] épigramme 82)