Ludovik Paskalić / Ludovicus Paschalis (1500-1551) : Élégie à la lune

Tête dressée brillante, ô Déesse née pure,
Du fraternel éclat luisant, entière et pleine :
Que ton frère dans l’ombre entraîne sa lumière,
Et pénètre à lents pas dans les eaux du couchant,
Pour que, tant que le Soir ne pousse encor tes feux,
Tu choies Endymion, Lune, au cœur amoureux :
Éclaire maintenant l’alliance nocturne,
Assume le labeur de ton frère éclatant
– Que lorsque sur mon sein je presse ma chérie,
Un hostile plein jour ne découvre mes joies !

Et puisque je te crois brûler de feux anciens
Je ne crains devant toi d’ainsi parler, Déesse :
Je voudrais qu’à jamais, les destins le souffrant,
Les nuits aillent sans toi, et les jours sans ton frère ;
Que fussent tous moments sous d’obscures ténèbres,
Dans une nuit sans terme, unique, ensevelis.
Ainsi jouirais-je au sûr d’un amour incessant,
Et toi pourrais-tu jouir de ton Endymion.


O Dea, quae puro nitidum caput exeris ortu,
Totaque fraterno plena nitore micas:
Sic tuus in medias sua lumina proferat umbras
Frater, et occiduas tardius intret aquas;
Ut dum Luna tuos nondum ciet Hesperus ignes,
Tu cupido foveas Endimiona sinu:
Nunc age nocturnos in lucem extende iugales,
Inque vicem nitidi munera fratris obi.
Ne modo, dum charos gremio complector amores,
Delitias retegat lux inimica meas:
Et, quia adhuc priscis te suspicor ignibus uri
Haec ego non verear te Dea teste loqui,
Ire quod aeternum vellem (nisi fata vetarent)
Et sine te noctes, et sine fratre dies;
Scilicet obscuris ut saecula cuncta tenebris,
Atque una assidua nocte sepulta forent.
Sic ego perpetuo fruerer securus amore,
Tuque tuo posses Endimione frui.

(in Carmina [1551] : Elegiarum liber primus)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Ludovik Paskalić / Ludovicus Paschalis (1500-1551) : Les poètes sont des menteurs

Élégie en réponse à son ami Giovanni Bonna,
qui lui reprochait d’exagérer ses souffrances amoureuses.

Ces poèmes très doux que tu m’as envoyés
Ne sont pas à mes maux un léger réconfort
– Ils peuvent défier Philétas de Coos,
À peine les imite en se mourant le cygne.
Tu réfutes mes feux : oui, je serais bien fou
De me plaindre ou nier que tu dises le vrai.
Tu m’engages au vrai, à ce qui est sain : mais
Dans le vouloir d’autrui l’amour m’oblige à vivre.
Bien portant, l’on conseille aisément au malade
Assoiffé de bannir l’eau glacée, et d’attendre.
Toi pareil : le courroux brutal de Cupidon
Ne t’a jamais brûlé, ton cœur est sans blessure,
Tu blâmes aisément l’embrasement d’autrui,
Et ne plains pas mes maux, puisque tu n’en sais rien.
Tout amant tristement tourmenté d’un tendron 

Voudrait par moins aimer ce qu’il aime par trop,
Voir décroître à mesure une cruelle ardeur,

Et plus léger sentir le poids de son amour.
Mais Cupidon se bat constamment contre Mars,
Plus l’on va de l’arrière et plus il vous opprime…
Pour autant, m’ayant lu, ne va pas, cher Bonna,
Me penser oublieux de mes liens légitimes.
Peut-être un doux souci me brûle, d’un lit chaste,
Et me pousse à mourir pour une blanche fille,
Mais tu juges mes pleurs et mes soupirs, disant :
« Ce n’est pas de l’amour, cela, c’est du délire.
Sûr d’avoir ton amour, et maître de tes vœux,
Pourquoi gémir, baigner de pleurs laids ton visage ?
Qu’un amant malheureux pleure un espoir déçu :
Oui, et la longue attente insupporte, en amour… »
Écoute quel écho je fais à ta réplique
Et tiens-le pour plus fort que tes propres échos :
Des poètes nombreux, dont les vers sont connus,
Brûlent du saint Amour – éternel est son nom ;
Ils inventent souvent, mêlant au vrai le faux,
Pour embellir leur œuvre et pour la nuancer.
Est bien naïf qui croit que Tibulle a dit vrai,
Quand il veut « être pierre en de froides montagnes ».
Est bien naïf qui croit qu’ont dit vrai les poètes
Dont on lit la complainte en constant caquetage.
Est bien naïf, qui prête aux poètes verbeux,
En rupture de règle, une foi sans conteste.
Moi aussi, révérant la foulée des poètes,
Exalté d’Apollon j’invente bien des choses ;
J’ai pour toi controuvé ces « bien dures amours »,
Que tu as, mon Bonna disert, lues dans ma lettre.
J’ai eu vent, quelque jour, que Vénus la câline,
Préparait je ne sais quels pièges pour te perdre :
C’était pour t’inciter, mes feux, à la prudence,
Et des pièges charmants garder ton imprudence.


Quae mihi misisti dulcissima carmina, nostris
Solamen tribuunt non mediocre malis ;
Carmina, quae Coo possint certare Philetae,
Carmina , quae moriens vix imitetur Olor.
Certe ego sim demens, dum nostros arguis ignes
Si querar, aut si te dicere vera negem.
Vera mones fateor, et cuncta salubria: sed me
Alterius nutu vivere cogit amor.
Qui valet heu facile sitienti consulit aegro,
Abstineat gelidis ut patienter aquis.
Tu quoque, quem nondum violenta Cupidinis ira
Ursit , et intactum vulnere pectus habes;
Alterius facile damnas incendia, nec te
Usus, ut indoleas ad mala nostra , facit.
Omnis amans, tenerae quem torquet cura puellae,
Id quod amat nimium , vellet amare minus;
Vellet ut ille ferus sensim decresceret ardor,
Et levius fieri vellet amoris onus:
Sed contra assiduo depugnat Marte Cupido,
Quoque magis retrahis te, magis ille premit.
Non tamen accipias ita, quae modo scribimus, ut me
Legitimi immemorem, Bonna, reare thori.
Forsitan et casti me dulcis cura cubilis
Decoquit, et niveo cogit amore mori:
Sed tu dum lacrimas, mea dum suspiria sentis,
Non amor est, dices, sed furor iste tuus.
Si, quod amas, securus habes, votoque potiris,
Cur gemis? et lacrimis turpiter ora rigas ?
Flere decet miserum , qui spe frustratur, amantem
Nec potis est longas ferre in amore moras.
Haec tua sed contra, quae nos adducimus, audi;
Et superaddictis haec potiora tene.
Innumeri, quorum sunt nota poemata vates,
Quos sacer aeterni nominis urit amor ;
Fingere multa solent, et veris jungere falsa,
Scilicet ut varium pulchrius extet opus.
Credulus es, si vera putas cecinisse Tibullum,
Dum cupit in gelidis montibus esse lapis.
Credulus es, si vera putas cecinisse Poetas,
Quos legis assidua garrulitate queri.
Credulus es, si grandiloquis et lege solutis
Vatibus indubiam credis inesse fidem.
Me quoque, qui vatum veneror vestigia, saepe
Cogit Apollineus fingere multa calor;
Et nunc tam duros tibi sum mentitus amores,
Quos legis in scriptis Bonna diserte meis.
Quandoquidem audieram, blandam coepisse Dionem
In tua nescio quos damna movere dolos;
Scilicet, ut facerent te nostra incendia cautum,
Incautus placidis ne caperere dolis.

(in Carmina illustrium poetarum italorum tome 7 [1720])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Ludovik Paskalić / Ludovicus Paschalis (1500-1551) : À ses amis, pour prendre congé

Accordez-moi un peu, chers amis, de présence
– Parmi les vastes flots, j’ai longue route à faire :
De l’enfance à ce jour, une éternelle entente
Nous a toujours liés fidèlement ensemble.
Donc, à vous l’on m’arrache –  à peine en ai-je eu bruit –,
Gagnant Gnosse, pays du Jupiter antique
– Le destin me l’enjoint. Dites-moi « Bonne étoile »,
Dites-moi « Bon voyage », en termes guillerets.
Donnez-moi l’accolade, et gages de nos cœurs,
Recevez ces baisers où se mêlent mes larmes.
Souvenez-vous de moi, suivez ma longue route,
Et là où n’iront point vos corps, qu’aillent vos cœurs !
– Vous, forêts d’Illyrie, montagnes, au revoir,
Et rivières que j’ai célébrées dans mes vers !
Au revoir, ma patrie, mes lares, mes pénates,
Lieux que j’ai entourés du soin de mes études.
Vous, dieux du ciel, gonflez mes voiles de bon vent
Jusqu’à mon arrivée en terre de Dicté :
Veuillez, le temps venu que je reprenne mer,
Ramener mon bateau dans le sein de mes pères.
– Mais vous voici, qui tous me prodiguez vos vœux,
Cependant que ma main largue l’ultime amarre.


Vos mihi nunc veteres paulisper adeste sodales,
Dum feror in longas per freta vasta vias:
Quos mihi adhuc teneris aeterno foedere ab annis
Una semel junxit tempus in omne fides;
Abstrahor a vobis, et vix mihi cognita fama
Sponte sequor veteris Gnosia regna Jovis,
Quo mea me fortuna vocat : vos omine laeto,
Laeta mihi, et nostrae dicite verba viae.
Jungite complexus, et nostri pignus amoris,
Accipite haec lacrimis oscula mixta meis .
Este mei memores, nec vos via longa moretur,
Et quo non poterunt membra, sequatur amor.
Et vos Illyrides silvae , montesque valete,
Cunctaque carminibus flumina nota meis .
Jam valeant Patriique lares, patriique penates;
Et loca, quae studiis culta fuere meis.
At vos caelicolae faciles in carbasa ventos
Mittite, Dictaea dum potiamur humo:
Et, cum tempus erit, pelago mea vela remenso
Ad patrios referant numina vestra sinus.
Sed jam quisquis adest, mihi vota faventia fundat,
Ultima dum nostra solvitur ora manu.

(in Carmina illustrium poetarum italorum tome 7 [1720])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Ludovik Paskalić / Ludovicus Paschalis (1500-1551) : Élégie

À son ami Giovanni Bonna

J’habite un sol battu de fonds adriatiques,
Bourrelé par le gel et recouvert de neige.
Là, parmi glace, froids, et brumes à frissons :
Je brûle, Arabe nu sous le ciel d’Assyrie,
Je brûle comme quand, Sirius au zénith,
Brûle l’aube arrosée par le fleuve de l’Inde,
Je brûle, fer brûlant dans l’antre de l’Etna,
Quand Jupiter rageant, Vulcain fourbit ses armes.
Je brûle, comme emplie de pétrole la lampe,
Comme le feu du ciel hâle la moisson blonde :
Je brûle, et désormais feu vivant devenu,
J’embrase en y soufflant le givre des rochers.
Que touchent mes soupirs un bosquet verdoyant,
Son feuillage tremblant tombera consumé ;
Que montent mes soupirs aux cimes du Caucase,
Les neiges de Russie brûleront sur les crêtes.
La Maritsa gelée, l’eau glacée du Danube,
Tout fondrait, tout fondrait sous mon extrême ardeur !

Au large, chers amis, fuyez ce malheureux,
Que ce mien flamboiement ne gagne votre sein !

Mais vous, les triples sœurs, tranchez mon existence,
Vous avez tout pouvoir pour juger de ma vie.
Ma vie haïe, pourquoi la voudrais-je poursuivre,
Si je n’ai nul instant dénué de détresse,
Si je n’ai nul secours qui soulage mon âme,
Si j’emplis nuit et jour des échos de mes plaintes ?
Tu amènes, nuit noire, avec toi les soupirs,
Les maux nombreux qu’envoie cruellement l’amour.
Je ne ferme point l’œil pour jouir du repos,
Notre ami le sommeil, hélas, point ne me gagne :
Mais larmes et douleur, tristes tourments surtout,
Ballottent mon esprit dans leurs vastes remous.
Mais mes douleurs avec la nuit n’ont point de fin :
Le jour m’est plus mordant que l’aiguillon nocturne.
L’habituel tourment me ravit l’âme en tout,
Je n’ai plus de plaisir si ce n’est à pleurer.
Je n’ai plus dans le cœur ni de joie ni de rire :
Toutes morosités convergent vers mon âme.

Foin de lasser le ciel de plaintes continues !
Mes supplications, les dieux, sourds, les dédaignent.
Mon cœur n’a nul repos ni d’espoir de salut :
Dans de si grands malheurs, quel bonheur de mourir !
Car la mort seule peut achever mes tortures
Et peut seule apaiser de si grandes misères.
Mon sot espoir peut-être a imploré la mort
En vain, puisque la mort ne peut me secourir.
Après la mort peut-être on persiste à sentir
Ce que l’on ressentait avant l’ultime jour.
Ah ! Je supporterai des douleurs éternelles,
Mes larmes n’auront donc point de rémission !

Mais toi que Cupidon regarde en souriant,
Que l’Amour fait aller sans peine en ses royaumes,
Gloire de la patrie, Bonna, très beau jeune homme
Mais dont l’intelligence excède la beauté :
Quand tu liras ces vers attestant de ma flamme,
Puisse mon cas t’instruire à aimer prudemment !

Giovanni Bonna répond à son ami, qui de nouveau lui écrit
pour lui expliquer ce qu’il en est vraiment
de sa folie amoureuse : c’est ici.


Me tenet Hadriaco circum pulsata profundo
Terra gelu, et rigida nunc adoperta nive.
Hic inter glacies, atque horrida frigora brumae
Uror, ut Assyrio sub Jove nudus Arabs :
Uror ego, ut celsum cum Sirius exserit astrum,
Uritur Eoa quem rigat Indus aqua :
Uror ego, Aethnaeis ferrum velut uritur antris,
Mulciber irato cum struit arma Jovi.
Uror ego, ut liquido perfusa bitumine lampas,
Flavaque supposito flagrat ut igne seges :
Uror ego, et vivos jam jam conversus in ignes
Accendo afflatu frigida saxa meo.
Si mea florentem tangant suspiria silvam,
Excutiet tremulas silva perusta comas.
Si mei Caucaseos adeant suspiria montes,
Ardebunt Scythicae per juga summa nives.
Solveret hic Hebri glacies, hic solveret Istri
Frigore concretas plurimus ardor aquas.
Ite procul dulces, miserumque relinquite amici,
Ne cadat in vestros haec mea flamma sinus.
At vos tergeminae mea rumpite pensa sorores,
Arbitrium vitae est quas penes omne meae.
Nam quid ego invisam cupiam producere vitam ?
Si non ulla meis luctibus hora vacat,
Si non ulla meae veniunt solatia menti,
Sed resonat geminu noxque diesque meo ?
Cum nox atra venis, veniunt suspiria tecum,
Et mala, quae saevus plurima mittit amor.
Non mea jucundo declinant lumina somno,
Nec venit (heu mifero) nobis amica quies:
Sed dolor, et lacrimae, tristesque ante omnia curae
Exagitant animum per freta vasta meum:
Nec faciunt nostri finem cum nocte dolores,
Sed magis est stimulo noctis acerba dies.
Quicquid ago, ad solitas rapitur mens anxia curas,
Et nihil est, quod jam me, nisi flere juvet.
Jam mihi nec risus, nec sunt mihi gaudia cordi:
Conveniunt animo tristia cuncta meo.
Nec juvat assiduis caelum lassare querelis,
Despiciunt nostras numina surda preces.
Nulla animo requies, nulla est spes certa salutis : .
Quam foret in tantis mors mihi grata malis!
Sola rneos etenim potis est finire labores,
Et requiem tantis mors dare sola malis.
Forsitan et mortem frustra imploravit inanis
Spes mea, cum nullam mors dare possit opem.
Forsitan et nobis idem post funera sensus
Permanet, extremam qui fuit ante diem
Scilicet, aeternos ut cogar ferre dolores,
Nullaque sit lacrimis ultima meta meis.
At tu, quem placida respexit fronte Cupido,
Cui dat Amor faciles per sua regna vias;
Bonna, jubar patriae, juvenum pulcherrime, sed qui
Ingenii superas dotibus oris opes;
Dum legis haec.nostras testantia carmina flammas,
Exemplo poteris cautus amare meo.

(in Carmina illustrium poetarum italorum tome 7 [1720])


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D'autres textes Ludovik Paskalić sur ce blog :

 

Ludovik Paskalić / Ludovicus Paschalis (1500-1551) : La rose artificielle

(Dialogue entre le poète et la rose)

— Rose dressant la tête entre d’âpres épines,
Surpassant en parfum les safrans de Ghorgos,
Pourquoi les chauds soleils ne te rudoient-ils pas
Lorsque la canicule étincelle à l’excès ?
Pourquoi les froids hivers venteux point ne te blessent,
Quand la pluie du Verseau tombe à longues averses ?

— Dans ma grande beauté n’est pour rien la nature
Qui n’exerce aucun droit sur ma complexion.
Mes épines, ma fleur, façonnés en or fin,
Sont dues à l’art hors pair, aux mains, de ma Maîtresse.
Y entre aussi l’argent, et le cuir le plus souple
Des Sères, qu’elle a teint de diverses couleurs
Avant de l’imprégner de parfums d’Arabie.
Elle m’a tout donné des dons de la nature !

— Cela vaut mieux : vois-tu, ce qu’elle crée, bien vite
Se perd : mais la splendeur née de l’art est pérenne.

— Cette artiste nouvelle – est-ce étonnant ? – surpasse
La nature qui s’est, la faisant, surpassée.

— Fleurette, délicat présent de mon amour,
Ô, fais-moi jour et nuit penser à ma Maîtresse !


Dic rosa, quae spinas caput exeris inter acutas,
Coryciosque tuo vincis odore crocos,
Cur te Phoebei nequeunt violare calores,
Cum micat Icarii stella proterva Canis ?
Cur neque ventosae laedunt te frigora brumae,
Tros puer assiduo cum super imbre pluit.
Hunc mihi non tribuit tantum natura decorem,
Inque comas nullum jus habet illa meas:
Hunc florem, has spinas, tenui contexuit auro
Egregia Dominae ducta sed arte manus.
Addidit argentum, nec non mollissima Serum
Vellera, quae varius tinxerat ante color.
His simul intextis Arabas infudit odores,
Et mihi naturae munera cuncta dedit:
Hoc etiam praestat; quia, quod creat illa, repente
Effluit, at longus hic erit artis honor.
Nil mirum natura nova si vincitur arte
Illius, in qua se vicerat ipsa prius.
At tu dulce mei me, floscule, munus amoris,
Fac memorem Dominae nocte, dieque meae.

(in Carmina illustrium poetarum italorum tome 7 [1720])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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