Maria Luise Weissmann (1899-1929) : Aventure / Abenteuer


Le long chemin m’a désormais toute perdue,
Comme ils m’ont, le début, la fin, le milieu, fuie !
Je suis venue au monde en un cercle profond,
J’entends mes pas, qui sont légers,
Leur écho qui résonne en un pays lointain,
J’entends mes mots, qui sont ténus,
Ils tombent tout en bas dans un silence sombre,
Je vais par maints lieux inconnus,
Me sens calme, tenue, ainsi qu’à la maison,
Mais me devant d’aller, vais comme pour toujours,
Et je quête des yeux mon retour, souriante ‒
J’en connais tellement : je sais déjà la chambre,
La lampe bleue à la lumière quiète et douce,
J’entendais cette voix, déjà, mille ans plus tôt,
Qui tremblait, me disant que j’étais bienvenue.


Nun hat der weite Weg mich ganz verloren,
Wie floh mich Anfang, Ende und die Mitte!
Ich bin in einem tiefen Kreis geboren,
Ich höre meine leichten Schritte
In einem fernen Lande widerhallen,
Ich höre meine leisen Worte
In eine dunkle Stille niederfallen,
Ich schreite durch viel fremde Orte,
Fühl mich gehalten, stille, wie zu Haus,
Und muß doch gehn, und gehe wie für immer,
Und schau nach meiner Rückkehr lächelnd aus –
Ich weiß so viel: Ich kenne schon das Zimmer,
Der blauen Ampel süß gestilltes Licht,
Ich hörte schon vor tausend Jahren diese Stimme,
Wie sie mir zitternd das Willkommen spricht.

(in Das frühe Fest, 1922)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

 

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