La nourrice de Luc, fils nouveau-né du poète, chante en allaitant le nourrisson
Sont là pour mon Luluc, mes nénés, mes tétés,
Néné droit est pour toi, néné gauche est pour moi.
– Mais faut changer de sein, Luluc a le hoquet :
Néné gauche est pour toi, néné droit est pour moi.
Mais si tu veux les deux, cesse un peu de pleurer,
Cesse ! – à toi néné droit, et néné gauche à toi.
– Il a bien ri, Luluc, à mordre mes nénés !
Gros vilain, mes nénés ! tu ne vas pas, dis-moi…
Mais si, quel enragé ! Tout beau, pas enragé !
Néné-ci, néné-là, tous les deux sont pour toi.
Tète-les deux, mon Luc, sinon va les voler
Le Méchant ! – Hop, on les remet dans leur corset !
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
Has ego Luciolo mammas, haec hubera servo:
Dextera mamma tua est, ipsa sinistra mea est.
Singultit sed Luciolus; mutare licebit:
Ipsa sinistra tua est, dextera mamma mea est.
Utraque sed potius tua sit, jam desine flere,
Desine: dextra tua est mamma, sinistra tua est.
Risit Luciolus mammamque utramque momordit.
Tune meas mammas, crudule, tune meas…?
Jam saevit, quod dico meas. Ne, candide, saevi:
Haec atque illa tua est, utraque mamma tua est.
Nunc, Luci, nunc suge ambas, ne quis malus illas
Auferat, et clauso, scite, reconde sinu.
(in De Amore conjugali [première édition : 1498])
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