Teofilo Folengo (1491-1544) : Baldraque / de Baldracco

Baldraque n’a jamais que mangements en tête,
Et ne sait, quand il mange, avoir la panse pleine.
Il donne aimablement tout conseil de cuisine,
Sans cesse étudiant l’art de la bonne chère.
« Pour rôtir, ce dit-il, à la broche une oiselle,
On devra la farcir d’épices succulentes.
Tant qu’elle rôtira, tournera à la broche,
Qu’un marmiton l’arrose avec du lard fondu.
C’est ainsi qu’on procède en l’art de cuisiner,
Telle est la docte règle apprise en nos écoles. »

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Baldraccus numquam nisi de mangiamine pensat:
Cum mangiat, satiam nescit habere gulam.
Scit dare praeceptum galantiter omne coquinae,
Namque lecatoria semper in arte studet.
Sic ait: « In speto rostirier oca tenetur
Plenaque sint spetiis interiora bonis,
Quae dum arrostitur, quae dum gyratur atornum,
Non cesset lardi serva butare brodum.
Haec est materies atque ars et forma coquendi,
Haec venit a nostris regula docta scholis ».

(in Epigrammata [1520])

Teofilo Folengo (1491-1544) : La mort de Tonellus / de morte Tonelli

Tonellus se mourait de quelque fièvre tierce,
Était à son chevet sa mère avec sa sœur.
Une chandelle en suif, qui valait bien un sou,
Cramait, en main tenue par la pauvre vioque :
Or déjà jusque au cul l’avait roustie la flamme.
La mère alors : « Mon fils, meurs vite, s’il te plaît ;
Vois-tu : tu ne meurs pas, et moi qui crie misère,
Pendant ce temps je ne suis pas à ma quenouille
– Et de plus la chandelle est brûlée jusqu’au cul. »

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Venerat ad mortem terzana febre Tonellus,
Cui stabat praesens mater et una soror.
Affuit hic candela sefi constata quatrino,
Quam tenet in propria povera vecchia manu;
Dum brusat et culum iamiam focus ardet ad imum,
Mater ait: « Fili, iam moriare, precor;
Nam neque tu moreris, nec ego meschinula filo,
Et iam candelae culus adustus abit ».

(in Epigrammata [1520])

Teofilo Folengo (1491-1544) : Le lac de Garde / De Benaco

Mais comme la nature a donc bien fait les choses,
Mais comme tout s’ordonne et s’accomplit au mieux !
Il est en Italie un lac – dit « lac de Garde » –
Qui frétille à tous vents, comme de l’eau de mer.
On n’en tire à manger que de fort bons poissons :
Sardine, anguille et carpe, et des tanches, des truites.
Mais que vaut le poisson sans le jus de l’olive
– Poissons en noir poêlon sont-ils pas frits à l’huile ?
Donc : les rives autour sont plantées d’oliviers,
Et la proche Brescia pourvoit aux pots de fer.
Huile, poissons, pêcheurs, tout est tiré d’ici –
Et même les poêlons à frire les poissons.

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Quam bene disposuit cunctis natura facendis,
Quam bene procedunt ordine cuncta suo!
Est lagus Italiae, qui nunc de Garda vocatur
Quique procellosis ut mare balzat aquis.
Non nisi bon pisces mangiantur semper ab illo:
Sardenae, anguillae, carpio, tenca, trotae.
Sed nil Palladio piscis valet absque liquore:
Nonne oleo pisces nigra padella coquit?
Ergo per intornum ripae carigantur olivis
Datque vasos ferri Bressa propinqua sui.
Nascitur hic oleum, piscis, piscator et ipsa
Piscibus assandis apta padella simul.

(in Epigrammata [1520])

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