Giovanni Matteo Toscano (ca. 1500-1580) : « Du même geste me liant cheveux et cœur »

Avril rendait aux monts leur lustre disparu
Et d’un gazon nouveau parait la terre molle,
Exhalant de son chef couronné ces effluves
Que la tendre Arabie souffle d’un sol fécond.

Cueillant au point du jour violettes et lis
Lycoris les tressait avec des roses pourpres.
« Pour prix de ton fidèle amour, ce me dit-elle,
Je veux ceindre à présent ta tête de ces fleurs. »

Comme émanaient ces mots sur ses lèvres exquises,
Elle coiffa mon front de ce bouquet superbe,
Du même geste me liant cheveux et cœur.

Oh, ne vienne jamais le jour qui m’en délivre !
– Car bien plus que mes yeux l’adorant à jamais,
Je la porte, elle seule, au sein de ma ferveur. »

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Collibus amissos jam ver reparabat honores,
Ornabatque novo gramine molle solum :
Atque coronato spirabat vertice odores,
Quos tener a terra divite mittit Arabs.

Cum nascente die violas in serta Lycoris,
Purpureisque legens lilia juncta rosis,
« Haec, ait, ardoris fuerint tibi praemia fidi,
Hisque tuas jamjam cingimus ecce comas ».

Haec ubi nectareis effudit dicta labellis,
Impediit nostrum flore decente caput.
Quaeque manus crines, eadem mihi corda revinxit,

Nulla precor solvat quae mihi vincla dies.
Illa igitur dilecta meis plus semper ocellis,
Haerebit tepido pectore sola mihi.

(in Carmina illustrium poetarum italorum tomus IX [1722], p. 378 )

NB : Il s’agit d’une des trois « paraphrases » consécutives en latin (par Toscano) du sonnet (en italien) de Francesco Maria Molza, qui commence par ce vers : Dolci, ben nati, amorosetti fiori (Poesie, Societa typografica de’ classici italiani,  Milano, 1808, p. 117)

D’autres poèmes de Giovanni Matteo Toscano sur ce blog :

Poèmes de Francesco Maria Molza sur ce blog :

Amalteo, Giovanni Baptista (1525-1573) / Amaltheus, Johannes Baptista : Prilla / in Prilla

Quand flâne ma Prilla dans ses féconds jardins,
Je me voudrais vermeille rose fraîche éclose !
Car mollement cueilli de virginale main,
J’irais fleurir sa tresse où l’ambroisie repose,
– Ou ses seins, parfumant leurs mamelons rosés,
Partout me diffusant en muettes délices.
Si la couronne d’Ariane fut posée
Au firmament, et le trésor de Bérénice :
Peut-être, l’œil ravi, quelqu’un – lorsqu’en désastre
Je quitterai mon corps, fanés tous mes pétales –,
Me voyant luire au ciel, brillant parmi les astres,
Dira-t-il qu’ont aussi leur rose les étoiles.

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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O ego dum nitidos errat mea Prilla per hortos,
Quam vellem rutilae flos novus esse rosae!
Qui seu virgineo decerptus molliter ungue,
Ornarem ambrosiae florida serta comae :
Sive sinum, et roseas perfunderem odore papillas,
Afferrem tacitas undique blanditias.
Gnosiaque ut quondam stellis illata corona est,
Et Beronicaei verticis exuviae :
Sic jam aliquis forsan felici lumine, cum me
Linqueret aridulis forma cadens foliis,
Observans caelo fulgentem, astrisque micantem,
Diceret ipsa suam sidera habere rosam.

(in Trium fratrum Amaltheorum Hieronymi, Johannis Baptistae et Cornelii Carmina [1627])

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Une autre épigramme de Giovanni Baptista Amalteo sur ce blog :

et des épigrammes de son frère aîné  Girolamo Amalteo (1507 – 1574) :

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