N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit,
Les vieux devraient tonner, gronder quand le jour tombe ;
Rage, mais rage encor lorsque meurt la lumière.
Si le sage à la fin sait que l’ombre est la norme,
Comme aucun de ses mots n’a fourché en foudre il
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Le bon, près de la vague ultime, qui déplore
Que sa vie frêle eût pu danser en verte baie,
Il rage, il rage encor lorsque meurt la lumière.
Le fou qui prit, chanta, le soleil en plein vol,
Et conscient, trop tard, d’avoir bridé sa course,
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Le juste, agonisant, qui voit d’un œil aveugle
Qu’un œil aveugle peut briller, gai, météore,
Il crie, il crie encor lorsque meurt la lumière.
Et toi, mon père, là, sur ces tristes hauteurs,
Maudis-moi, bénis-moi de pleurs durs, je le veux !
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Mais rage, rage encor lorsque meurt la lumière.
Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.
Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day;
Rage, rage against the dying of the light.Though wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieved it on its way,
Do not go gentle into that good night.Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay,
Rage, rage against the dying of the light.And you, my father, there on that sad height,
Curse, bless me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light.
(in In Country Sleep [éd. New Directions, New York, 1952])
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