Giovanni Pontano (Joannis Pontanus) (1429-1503) : Pour Focilla / Ad Focillam

Pourquoi me comptes-tu tes regards polissons,
N’as-tu donc pas pitié de mon âge avancé ?
Aime tous ces blancs-becs, donne-leur tes faveurs,
Mais ne fuis pas le vieillard que je suis, fillette.
Tu peux bien les aimer, tous ceux-ci, tous ces autres,
Mais ne repousse pas, fillette, ton amant.
Plaisirs et voluptés ? Là n’est pas mon désir :
Tes regards polissons, c’est tout ce que je veux,
Ces regards polissons que tu coules sur moi,
Riant en même temps, mais empreints de douleur,
Qui me rendent, vois-tu, ma vigueur de jeune homme.
Crois-tu ? J’oublie que je suis vieux, si par trois fois,
Ma douce Focilla, je te peux embrasser,
Fourrer deux fois ma langue en ta bouche si tendre,
– Si tu pends à mon cou l’enroulé de tes bras.

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Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Lascivos male temperas ocellos,
Nec nostrae miseret tamen senectae ;
Quantumvis juvenes ama, foveque,
Dum ne me fugias senem puella,
Atque hos, atque alios ames licebit,
Dum ne me abjicias puella amantem.
Nolo delicias, libidinesque,
Lascivos oculos volo, precorque.
Lascivos quoties reflectis in me,
Et rides simul, et doles, ocellos,
Inspiras juvenis mihi vigorem.
Quin omnem simul exuo senectam,
Si ter blanda Focilla suaviaris,
Si linguam tenero bis ore sugis,
Si collo quoque complicata pendes.

(in Amores, 1513)


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