Nico Bleutge (né en 1972) : puis la chaleur / dann löste sich die hitze

Qui est Nico Bleutge ?


puis la chaleur avec lenteur s’est détachée
du balcon le regard allégé s’est dévié

des maisons. la blancheur des antennes
paraboliques aux fenêtres

s’est mise à s’embraser sous les premières
lueurs encapsulées de vert et bleu.

quand les yeux ont voulu s’égarer parmi les
panneaux publicitaires une poche

rouge en plastique brillant très haut dans l’air
a glissé accrochant peu à peu le regard

jusqu’à le déposer tranquille et doux
sous les paupières


dann löste sich die hitze langsam
vom balkon und der blick wurde leichter

von den häusern abgelenkt. die weißen
parabolantennen an den fenstern

fingen schon die ersten lichter an
zu glühen blau und grün verkapselt.

als die augen zwischen den reklametafeln
streunen wollten war es eine rote

plastiktüte in der luft weit oben leuchtend
glitt sie vorbei und gab dem blick nach

und nach halt bis er weich und ruhig
hinter den lidern saß

in klare konturen (Verlag C.H.Beck, 2006)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Anja Kampmann (née en 1983) : nous restons encore / wir bleiben noch

Qui est Anja Kampmann ?


nous restons encore la lumière du soir
pend à la branche haute du cerisier
les hirondelles piquent encore un peu du bec
dans le brasier
le bleu de là-haut requiert le
restant des témoins
le vieux photographe céleste
flashe sans bruit la terre chaude
où l’on chuchote à l’ombre
de plants de maïs
et où le portail menant à la nuit
n’est qu’une sombre fissure
un portail de grange agité par de vieux vents
rien d’autre
si à cette heure le soir régurgite ses boulettes
reste un papier
plus blanc que la peau
demeurera si peu
les pays que tu as vus
cousent leurs coups
sous forme rêvée d’oiseaux
et de première brume
après une longue averse
demeura si peu
quand nous roulerons dans le noir
et qu’à voix basse nous nous parlerons.


wir bleiben noch das abendlicht
hängt in dem hohen zweig der kirsche
die schwalben stochern noch ein wenig
in der glut
das hohe blau fragt nach den
restlichen der zeugen
der alte photograph des himmels
schickt stille blitze über warmes land
wo man im schatten trockener
maisplantagen flüstert
und wo das tor zur nacht
ein dunkler spalt bloß ist
ein scheunentor bewegt von alten winden
nichts weiter
wenn jetzt der abend sein gewölle spuckt
bleibt ein papier
bleicher noch als haut
es wird so wenig sein
die länder die du sahst
nähen ihre schüsse
in die traumgestalt von vögeln
und in den ersten dunst
nach einem langen regen
es wird so wenig sein
wenn wir ins dunkel fahren
und leise miteinander reden.

In Proben von Stein und Licht (Edition Lyrik Kabinett bei Hanser, 2016)



					

Marion Poschmann (née en 1969) : paysage artificiel 5 / künstliche Landschaften 5

Qui est Marion Poschmann ?


cette fois-là, l’univers avait forme d’une fonte de vieux verre
et de fillettes point décaties sur des poneys,
qui chevauchant dents serrées traversaient une espèce de bouillie,
protégées par la chute presque du vent
d’où sortait une tremblante pelure, une torride frise
de frisonne origine. c’était la plaine d’Allemagne du Nord,
c’était le plat pays comme sur un timbre-poste,
couleur de riesling avec de plus crus effets d’ombres.
je louais la régularité de leurs déplacements
je ne comptais, parmi d’autres, la brillance d’une crinière
sans cesse échevelée, j’écoutais un peu grognon des voix, celles
blanches des feuilles de frênes, celles des fillettes. nul n’était éveillé.


das All bestand diesmal aus eingeschmolzenem Altglas
und unbeschädigten Mädchen auf Ponys,
die zähneknirschend durch eine Art Grießbrei ritten,
beschirmt von der Beinahe-Windstille,
aus der sich ein Zittern schälte, ein Hitzefries
friesischer Provenienz. das war die norddeutsche Ebene,
das war das Flachland wie auf einer Briefmarke,
rieslingfarben mit schrilleren Auswirkungen von Schatten.
ich lobte die Gleichmäßigkeit, mit der sie sich fortbewegten.
ich zählte nicht jenen, den endlos auf Einzelhaare zerspaltenen
Glanz einer Pferdemähne, ich horchte leicht unwirsch auf
espenlaubfahle, auf Mädchenstimmen. niemand war wach.

(inédit)



					

Marion Poschmann (née en 1969) : paysage artificiel 4 / künstliche Landschaften 4

Qui est Marion Poschmann ?

dans les marais d’épuration, nous avons dépassé
un poste de douane strié de rouge et blanc. cet été caniculaire recelait
capsules et bris de bouteilles de bière s’amalgamant
au paysage. notre paradis naturel, emmantelé de
zones tampons boisées, déjà se composait d’un fond d’or embryonnaire.
c’était le vent qui sentait localement les chaussettes et nous suivait.

dans les forêts de pins fortement surveillées tu étais censément
troué de part en part. comme de l’eau usée te pénétrait
la lumière du soleil. en grande partie. c’était ta rengaine habituelle,
tu voulais t’affirmer et n’avais rien qu’une laisse au cou.
Je t’ai berné usant d’emplois trimestriels
et d’une bonne compréhension des lacs et des rivières.


in den Rieselfeldern passierten wir ein rot und weiß
gestreiftes Postenhaus. dieser Hundesommer hortete
Kronkorken, sammelte die in die Landschaft schmelzenden
Bierflaschenscherben. unser Naturparadies, ummantelt von
waldreichen Pufferzonen, bestand bereits ansatzweise aus Goldgrund.
es war der Wind, der hier nach Socken roch und uns folgte.

inmitten stark bewachter Kiefernforsten warst du wahrscheinlich
zur Gänze gelocht. in dir versickerte abwasserartig
das Sonnenlicht. großteils. so ging es dir immer,
du wolltest persönlicher werden und wurdest nur angeleint.
ich überlistete dich mit geviertelten Arbeitsplätzen
und der richtigen Auffassung von Seen und Flüssen.

(inédit)



					

Marion Poschmann (née en 1969) : paysage artificiel 3 / künstliche Landschaften 3

Qui est Marion Poschmann ?


la malle arrière se refermant d’un coup
l’odeur en est restée dans l’air quelques secondes
comme une sorte de boîte cédant à la pression brusque
tenue par chacun pour le monde extérieur

quand on compare cela au cours minutieux des devises
et aux privations constantes des bénévoles
on se remet à employer des ronds de feutre
pour éviter que sur la table les verres ne tintent


als der Kofferraumdeckel zufiel
stand der Geruch noch zwei Sekunden in der Luft
wie eine Art Box, die schnell einem Druck nachgab
den jedermann für die Außenwelt hielt

wenn man das vergleicht mit der Akkuratesse von Wechselkursen
und den fortgesetzten Entbehrungen freiwilliger Helfer
beginnt man wieder Filzuntersetzer zu benutzen
damit die Gläser auf dem Tisch nicht klirren

(inédit)





Marion Poschmann (née en 1969) : Exercice du cerf / Hirschübung

Qui est Marion Poschmann ?


rayures mouvantes sur la départementale,
blanc flotté traversant les forêts, très
strictement délimité,
et nous suivions les bonds, les allongements
de cette ligne brisée, passées,
plats, pentes, sur les aires de repos des bancs
dormaient d’un sommeil absolu, bois
gonflé d’humidité, et les crêtes
brunes et courbes des montagnes fourrures blessées,
coupes sombres, chemins à bout, et nous
à toute allure, comme simulant le vent
parmi les branches à hauteur de poitrine,
empaumures empaquetées dans des vestes en coton,
terne élucubration (rêves de chute),
cinq-cors1, pointeur :
mais
nous sentions le savon
la violette et l’eau de bassin, devant nous
la terrible complétude de l’avenir

bientôt le gel aux sabots durs


über die Landstraße treibende Streifen,
durch Wälder geflößtes, sehr streng
bemessenes Weiß,
und wir folgten den Sprüngen, den Streckungen
dieser durchbrochenen Linie, Wildwechsel,
Glätte, Gefälle, an Rastplätzen lagen
bedingungslos schlafende Bänke, von Nässe
gequollenes Holz, und die braunen gebogenen
Rücken der Berge verwundete Fellflächen,
Kahlschlag, verendete Pfade, und wir
mit Karacho, wie Simulationen von Wind
zwischen brusthohen Zweigen,
Geweihen in Wattejacken verpackt,
mattes Hirngespinst (Fallträume),
Fünfender, Fingerzeig:
aber
wir rochen nach Seife
nach Veilchen und Teichwasser, vor uns
die furchtbare Vollständigkeit des Kommenden
bald harthufig der Frost

In Grund zu Schafen (Frankfurter Verlagsanstalt, 2004)



					

Marion Poschmann (née en 1969) : usage de l’hiver avec bougies chauffe-plats / winterliche Anwendung mit Teelichtern

Qui est Marion Poschmann ?


s’ensuit une tendresse, un cœur battant, presque
arrangement (petite flûte) :
du givre épars, du papier d’aluminium, la
brillance aux yeux
« comme peu à peu ces zones instables
se détachent de nous »

Imitations et camouflages, demi-halte
comme sur photocopie de neige (endroit
discret : ton unique verre de lunette
embué, j’ai pour la forme
continué d’avancer) et tous contacts
laissés de côté : vite encore
penchée sur toi

lieux de tremblote, cœur battant
plein de bougies chauffe-plats, bandages légers : je palpe
les chaussures, les taches de neige
s’ensuit une tendresse, quelques points de fuite
doucement déplacés, je me suis verni les bouts de doigts
comme s’ils résistaient à l’hiver


eine Zartheit befolgt, ein Herzklopfen, beinah
Anordnung (Flageolett):
ein versprengter Frost, ein Stanniol, das
Aufblitzen in den Augen
„wie sich diese unsteten Gegenden nach und nach
lossagen von uns“

Imitate und Tarnungen, halber Aufenthalt
wie auf fotokopiertem Schnee (die geheimen
Verstecke: dein einzeln beschlagenes
Brillenglas, ich bin anstandshalber
bald wieder gegangen) und alle Berührungen
fallengelassen: noch rasch
an dich angelehnt

flackernde Orte, ein Herzklopfen
voller Teelichter, leichte Bandagen: ich taste
die Schuhe, die Schneeränder ab
eine Zartheit befolgt, ein paar Fluchtpunkte
sachte verschoben, ich habe die Fingerspitzen lackiert
als wären sie winterfest

in Verschlossene Kammern (zu Flampen! Verlag, 2002)



					

Marion Poschmann (née en 1969) : Pièce magnétisée / magnetisiertes Zimmer

Qui est Marion Poschmann ?


tu as compté les cernes de croissance
dans le métal des boîtes de fruits,
chaque couvercle rotative inertie
tel un ventilateur qui vibre –

cet endroit désormais semble plus clandestin depuis
que tu t’y trouves comme s’il était enfin rendu
à la tranquillité, tempête (toutes pièces
plongées dans la lumière, tout
surchauffé d’angoisse) :

je te regarde à ta seconde
tentative d’ouvrir une boîte,
amadouant, malhabile ou
comme si tu attendais un
changement d’atmosphère, que tu avais
déplacé sans bruit tes mouvements ciblés

nous nous ressemblons lorsque parfois
un bâillement en déclenche un autre –
puis de nouveau des corps
hermétiques intacts, une aire ici de jeux faite de fer-blanc,
remplie de déconvenues


du hast die metallischen Jahresringe
der Obstkonserven gezählt,
jede Oberseite rotierender Stillstand
wie flimmernde Ventilatoren –

dieser Ort scheint verborgener jetzt, seit
du hier bist, als sei endlich Ruhe
eingekehrt, Sturm (alle Zimmer
ins Licht getaucht, alles
aus Angst überheizt):

ich beobachte dich, deinen zweiten
Versuch eine Dose zu öffnen,
beschwichtigend, ungeschickt, oder
als wartetest du, daß die
Stimmung sich ändert, als hättest du
deine gezielten Bewegungen leise verlegt

wir ähneln einander wenn manchmal
ein Gähnen ein anderes auslöst –
dann wieder die Unversehrtheit
verschlossener Körper, ein Blechspielplatz hier,
voller unverrichteter Dinge

in Grund zu Schafen (Frankfurter Verlagsanstalt, 2004)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Marion Poschmann (née en 1969) : Bâtard / Bastard

Qui est Marion Poschmann ?


Terrains marécageux. Quelqu’un étend des semelles de feutre
sur le fil sur son balcon vitré. De la laine s’égoutte.
Du linge fane au vent. Quelqu’un coupe du lilas couleur lilas
dans le parc municipal et l’emporte au bus. Jeu utopique.
Les habits du logos sont jetés et les sièges des bus ont désormais
un excellent capitonnage.

Modèles logistiques, tissus tsaristes, monde en dés.
Bille. Bloc. Deux hommes font des grillades en bordure de parking,
la poste vend de la soupe en sachet, des graines de légumes, tout cela
est vrai. Mesures de confiance : les jardins sont
entourés de cordelette. Le Café Marzipan
n’existe plus.

Sable. Brique. Ville nivelée. Grilles peintes en rose
et couleur lilas, rayons métalliques de ce soleil d’est
qui persiste à se lever. Paysage, ô panorama de langage
du logos créateur. Paysage, deux moitiés, devant, derrière.
Comment l’espace cède et attire les choses : forêt permanente. Espaces ouverts.
Avant et maintenant.


Sumpfländereien. Jemand hängt filzene Einlegesohlen
in seinem verglasten Balkon an die Leine. Wolle tropft.
Wäsche verblüht im Wind. Jemand bricht fliederfarbenen Flieder
im Stadtpark und trägt ihn zum Bus. Ein utopisches Spiel.
Die Gewänder des Logos sind abgeworfen, und Buspolster jetzt
am besten gekleidet.

Logistische Muster, zaristische Stoffe, gewürfelte Welt.
Klotz. Block. Zwei Männer grillen am Parkplatzrand,
die Post verkauft Tütensuppen, Gemüsesamen, das alles
ist wahr. Vertrauensbildende Maßnahmen: Vorgärten werden
mit Bindfaden eingefaßt. Das Café Marzipan
gibt es nicht mehr.

Sand. Backstein. Eingeebnete Stadt. Rosa und fliederfarben
gestrichene Gittertore, Metallstrahlen jener Sonne des Ostens,
die immerzu aufgeht. Landschaft, o Sprachpanorama
des Logos creator. Landschaft, halbierte, in Vorder- und Rückseite.
Wie der Raum nachgibt und Dinge hervorlockt: Dauerwald. Freiflächen.
Vormals und jetzt.


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.


Kathrin Bach (née en 1988) : Ruisselets / Rinnsale

Qui est Kathrin Bach ?


Traduction :

La décision de regarder à droite ou à gauche
opter pour cygnes ou maisonnettes maisons terrains inoccupés
un lac et quel pourcentage de ce lac
voir passer dans sa tête les images la moitié de ta tête
opter pour mur ou fenêtre pour rideaux ouverts ou tirés
le train qui localement partage le paysage les champs
se tenir sur la gauche près de toi
opter pour ta main gauche
un demi-paquet de farine qui se répand dans ma main
se penser entrant dans ce lit dans ta tête
parler avec la moitié de ta langue son roulis
la moitié de ta tête ta jambe unique ton bras
une ligne qui commence à s’incurver
opter pour rivière pour une partie de la rivière
pour une calme étendue que je contemple de tous côtés
tes deux moitiés sous la couverture
et le point où elles mènent ensemble.

Transposition¹ :

Choisir : à droite à gauche où porter le regard
faire choix de jars ou maisonnettes maisons terres vagues
un lac et quelle proportion de ce lac
voir passer dans sa tête les images la moitié de ta tête
faire choix de mur ou de fenêtre ouvrir ou faire écran
le train qui localement tranche le paysage les champs
se tenir sur la gauche près de toi
faire choix de ta main gauche
la moitié d’un paquet de farine me coulant sur la main
s’imaginer entrant dans ce lit dans ta tête
parler à la moitié de ta langue son roulis
la moitié de ta tête ta jambe unique ton bras
une ligne qui se met à s’incurver
faire choix de fleuve d’une partie de fleuve
d’une plaine placide que je contemple de toutes parts
tes deux moitiés sous la couverture
et leur point d’assemblage

¹ : J’appelle transposition une traduction visant à conserver  les procédés créatifs tels que les effets de rythmes et de sonorités sous-tendant le poème, quitte à prendre un peu sur le sens originel de ce dernier. 

Die Entscheidung nach rechts oder links zu schauen
sich für Schwäne entscheiden oder Häuschen Häuser Leerstand
ein See und wie viel Prozent von diesem See
die Bilder im Kopf vorbeiziehen sehen dein halber Kopf
sich für Wand entscheiden oder Fenster für Gardine auf oder zu
der Zug der die Landschaft teilt die Äcker von hier aus
sich links neben dich stellen
sich für deine linke Hand entscheiden
ein halbes Paket Mehl das sich in meiner Hand löst
sich in dieses Bett denken in deinen Kopf
mit deiner halben Zunge sprechen ihr Schlingern
dein halber Kopf dein eines Bein dein Arm
eine Linie die sich zu krümmen beginnt
sich für Fluss entscheiden für ein Stück von dem Fluss
für eine still gelegte Fläche die ich von allen Seiten betrachte
deine zwei Hälften unter der Decke
und der Punkt an dem sie zusammenführen


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.


 

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