Giovanni Pontano (1426-1503) : Le somme d’Estelle

La jeune fille au chat (A. Renoir, 1880)

La jeune fille au chat (A. Renoir, 1880)


Seins, Chérie, de toi-même – et tétons – dénudés,
Prenant ma main, tu l’as portée à ta poitrine,
À ma bouche abouchant tes lèvres, tendrement,
Sur mes genoux assise – ô mon fardeau d’amour ! –
M’accolant, de sommeil léger bientôt gagnée,
Contre mon sein tu es, languide, retombée,
Après de longs soupirs fermant tes yeux lassés,
Tandis qu’en ta torpeur s’immisçait le repos.

Empressé, je t’apporte un filet mince d’air,
T’éventant doucement d’une paume efficace.
J’allège ton sommeil en chantant ; mon chant parle
Des amours de Sarnis, des doux secrets de Faune :

« Faune, viens, tu connais le fleuve où est Sarnis,
Les saules tu connais, candide Faune, viens.
Pour toi je lie troène à la couleur de neige,
Violette et lys blanc ainsi que roses pourpres.
Fraîches cueillies pour toi, j’ai des fraises humides,
Des fraises, et autant de baisers préparés.
Viens, mon beau, car pour toi, j’ai séché tout à l’heure
Mes cheveux près du fleuve, et les ai démêlés.
Les muses m’ont coiffée – se lavant elles-mêmes
Et leurs fauves cheveux souplement dans le fleuve –,
De baume de Syrie m’ont oint la chevelure,
M’ont parfumé la tête au parfum d’Arabie,
Enseigné la cithare où je suis passée maître,
Et fait le beau présent d’une lyre d’ivoire.
Faune, viens, Sarnis t’aime et toi seul, et soupire,
Et apprête en son sein de neige bien des joies ;
T’appellent le syrinx, les pipeaux, l’été, l’onde,
Les brises et le bruit des bondissantes eaux. »

Je berçais ton sommeil. Une pourpre légère
Fleurissait bellement la neige de tes joues,
Telle qu’Hébé, menée au lit de son époux,
Rougit sous les premiers baisers d’un homme épris.
Que de fois j’ai remis, d’une main caressante,
En ordre tes cheveux répandus sur son front :
« Léda plaisait ainsi, et la femme d’Oreste,
Et Hélène aussi », dis-je, « on la parait ainsi. »
Rejetant sur ton cou tes cheveux mis en ordre,
J’ai dit : « Par ces cheveux a plu Laodamie. »
Que de fois, nuançant de fleurs tes tendres seins,
J’ai dit : « Ainsi s’ornait la poitrine des Grâces. »
J’ai de gemmes paré tes doigts : ainsi Thétis,
Qu’on menait à Pélée para sa blanche main.
Te dénudant les bras, j’ai dit : « Les bras d’Aurore ! »
Dans le creux de ta main plaçant des fruits humides :
« Dioné reposant près du myrte vert !, dis-je,
« Et tenant dans sa main le fruit de son Pâris !
Ambroisie s’exhalant de son sein, bouche où courent
Les blandices, beauté mêlée d’aimable grâce ! »

Mais dans tes joues infus et tes lèvres de rose,
Et dans ton tendre sein, joue un charme enchanteur.
Quand tu ouvres tes yeux séduisants de sommeil,
Je te croirais pouvoir même émouvoir les dieux.
Tu les émeus : ma garde est là, qui te protège,
Je ne supporte pas que tu quittes mon sein.

Sucer tes lèvres : non, mais y boire, sans nuire
À mon ensommeillée, c’est ce que je voudrais.
– Ainsi, légère, au plus haut de la fleur, l’abeille
Dans l’herbe tendre boit, lèche la rosée claire.
Je buvais les baisers que toi, comme éveillée,
Tu recevais – et tu semblais vouloir parler.
Semblais vouloir parler : je vole des baisers,
Le souffle vient à moi, de ta bouche suave,
Je joue, hardi, et mords, non sans vigueur, ta bouche :
« Aïe », t’écries-tu – ainsi s’exprime la douleur.
« Aïe », m’écrié-je, « il faut me pardonner, Chérie ! »
J’ai ton pardon : plaquée sur mon sein connu, tendre,
Tu mordilles mon cou, mes lèvres ; et vengée
De ta douleur, tu ris – tous deux nous mignardons.

Pour approfondir sur ce même thème : 
voir ici le très bel article de Virginie Leroux, 
L'érotisme de la belle endormie.

Nudasti, mea vita, sinus et sponte papillas,
admostique meam pectora ad ipsa manum,
oraque cum teneris junxisti nostra labellis,
sedistique meo sarcina grata genu ;
cervicemque amplexa, levi mox victa sopore,
concidis in nostrum languida facta sinum,
longaque post fessos suspiria claudis ocellos,
dum tibi sopitae serpit ad ossa quies.
Ipse tibi tenuem procuro sedulus auram,
Composita et moveo lenia flabra manu,
Ipse tibi somnos cantu levo; cantus amores
Sarnidis et Fauni dulcia furta refert:

« Faune, veni, tibi Sarnis adest ad flumina nota:
Ad notas salices, candide Faune, veni.
Ecce tibi niveum violae cum flore ligustrum
Iungo, et puniceis lilia cana rosis,
Roscida servantur, legi tibi quae modo, fraga,
Fragaque quot totidem basia et ipsa paro.
Huc ades, o formose, tibi nam nuper ad amnem
Siccavique meam disposuique comam,
Pierides compsere caput, dum corpus et ipsae
Et crinis flavos molliter amne lavant,
Inde comam assyrio certatim unxere liquore;
Inde arabo nostrum spirat odore caput.
Quin citharam docuere, et me fecere magistram,
Et data pro magno munere eburna chelys.
Faune, veni, te Sarnis amat, suspirat et unum,
Et parat in niveo gaudia multa sinu,
Fistula te et calami vocitant, vocat aestus, et unda,
Auraeque, et murmur subsilientis aquae. »

His ego mulcebam somnos. Tibi purpura mollis
Tingebat niveas flore decente genas,
Qualis ubi ad thalamos Hebe deducta mariti
Ad cupidi erubuit basia prima viri.
O quotiens sparsos, errant dum fronte, capillos
Collegi blanda disposuique manu:
Sic Lede placitura fuit, sic uxor Orestis,
Atque Helene, dixi, sic quoque culta fuit.
Et modo compositum reieci in colla capillum,
Et dixi: hac placuit Laodamia coma.
O quotiens teneras variavi flore papillas,
Et dixi: Charites sic coluere sinum;
Ornabam gemmis digitos: ad Pelea quondam
Vecta Thetis, niveam sic tulit ipsa manum;
Brachia nudavi: Aurorae sunt brachia, dixi;
Admovique cavae roscida poma manu:
Sic rear ad virides myrtus requiesse Dionem,
Poma manu Paridis dum tenet illa sui,
Ipsa sinu ambrosiam spirat, perque ora recursant
Blanditiae et grato mistus honore decor.

At tibi perque genas, roseisque infusa labellis,
Ludit et in tenero gratia amica sinu,
Et, quotiens blandos somno recludis ocellos,
Crediderim vel te posse movere deos.
Quosque moves; verum custodia nostra tuetur,
Teque meo patior non abiisse sinu.

Tunc ego non suxisse, quidem libasse labellum,
Sed tibi sopitae nil nocuisse velim;
Sic levis ad summum florem de rore liquenti
Libat, et e tenero gramine lingit apis.
Oscula libabam, quae tu, velut excita somno,
Excipis atque aliquid velle videre loqui;
Velle loqui dum visa, simul dum basia carpo,
Auraque de molli ducitur ore mihi,
Dum ludo improbius, tua duriter ora momordi:
Hei mihi, clamasti; sic iubet ipse dolor.
Hei mihi, clamavi, parcas mitissima, dixi.
Parcis, et in solito es blanda refusa sinu,
Colla notas et labra notas; mox ulta dolorem
Risisti, et gratos movit uterque iocos.

(in Eridanus, I, 17 [rédigé entre 1483 et 1500])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

D'autres textes de Pontano sur ce blog :
Ils sont trop nombreux pour qu’on puisse en donner ici la liste :
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Tito Vespasiano Strozzi (1425-1505) : Deux épigrammes à son amie

Qui ne t’a vue : pauvre de lui ! mais qui te voit,
Qu’il se sache voué à d’innombrables morts.
Je subis dès longtemps cet incroyable sort
Qui me mine – et sans honte, en assume le poids.

Et je vis, et je meurs : et n’exclus d’endurer
Mille morts si je puis une fois t’admirer.

*

Si j’étais plus que feuille léger, plus que brise
Inconstant, si ma foi fluait par courts instants,
Je ne t’aurais, fidèle, aimée de long amour,
Ni ne serais contraint de pleurer sans répit.

Mon corps ne serait pas consumé de langueur,
Ni n’aurait la pâleur altéré mon visage.
– Mais vous savez leurrer l’amant sans méfiance :
Se plaint-on d’un affront ? – vous pensez trahison.

Je t’aurais, malheureux – ce dis-tu – « préféré
La superbe Lotis et la Maréotide ? »
Juré : je ne connais que de nom l’une et l’autre :
Que si je t’ai trompée, Vénus me boude et brime !

Pourrais-je loin de toi mener mon existence,
L’une fût-elle Iopè, la seconde Inachis ?
Je ne suis pas de ceux qui changent de maîtresse,
Mon amour ne va pas à foulées incertaines.

Je tiens mon cap, tu es mon port : puisse mon ancre
Ici tenir, et résister à toute houle.


Cui non conspecta es, miser est : qui te aspicit, hic se
Addictum innumeris mortibus esse sciat.
O rem incredibilem, quam perditus ipse tot annos
Experior, sortem hanc nec tolerare piget.
Et vivo, et morior : nec mortes ipse recusem

Mille pati, ut possim te semel aspicere.

*

Si levior foliis, auraque incertior essem,
Et flueret modico tempore nostra fides,
Non ego tam longo constans in amore fuissem,
Ire nec assiduas cogerer in lacrimas.
Nec gracileis adeo macies consumeret artus,
Nec mea mutaret pallidus ora color.
Sed vos decipere incautos didicistis amanteis,
Et queritur laedi fallere siqua parat.
Tu me infelicem formosam Lotida narras,
Et Mareotinidem praeposuisse tibi.
Has ego dispeream si praeter nomina novi
Tardaque et infido sit mihi dura Venus.
Te ne ego deserta potuissem ducere vitam,
Haec Iope quamvis, Inachis illa foret?
Non sum quem valeant aliae mutare puellae,
Nec meus incertis passibus errat amor.
Huc cursum tenui, tu portus es, ancora nostra hic
Haereat, hinc nullis fluctibus ejiciat.

(in Eroticon [1485])


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

Maximus Pacificus (vers 1406 – vers 1500) : Au sommeil / Ad somnum

Sommeil, redonne-moi de telles nuits d’amour,
Et des rêves pareils ou des rêves meilleurs.
Le rêve rend heureux, le rêve est un bonheur,
Et vain soit qui dira que les rêves sont vains.
Les miens sont bien réels, non, je n’ai pas rêvé,
Ne dites pas qu’est rien ce qui est sans effet.
Son visage était vrai, l’image point trompeuse,
Mille étreintes données, donnés mille baisers.
Je l’ai tenue sous moi, encor, encor, la fille
Qui s’est à moi donnée, comblant tous mes désirs.
Pourquoi sinon le lit serait-il encor chaud ?
Ma place était ici, elle occupait cette autre.
Tous deux sur la couchette, et y dormant tous deux :
L’empreinte de deux corps y est bien perceptible,
Et ces marques de pied, ce ne sont pas les miennes,
Mais d’un pied fait au tour, plus petit que le mien.
Sa tête était ici ; là, ses mains, droite et gauche.
Et ici l’arrondi de ses genoux tendus.
La goutte d’un récent commerce a teint les draps,
Le matelas, qui était sec, en est taché.
Pourquoi cette fatigue et ces reins… éreintés,
Pourquoi cette langueur dans tous mes autres membres ? […]


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.


Somne, precor, repetas nostrum sic saepe cubile
Somnia sic iterum vel meliora refer.
Somnia felicem facere, et somnia laetum,
Vanaque qui dicit somnia, vanus erit.
Vera quidem mea sunt, nec me deceperat error,
Quod caret effectu, dixeris esse nihil.
Vera fuit facies, nec falsa fefellit imago,
Mille dedi amplexus, basia mille dedi.
Saepe ego compressi, rursusque iterumque puellam,
Et mihi quo volui se dedit illa modo.
Unde tepet lectus ? Calet hac quod parte cubile ?
Hic jacui, alterius pars fuit illa tori.
Lectulus hic ambos tenuit, requievimus ambo,
Pressa sub amborum corpore signa manent.
Quae video, non sunt nostrae vestigia plantae,
Est pede caelatus pes minor iste meo.
Hic caput adposuit ; dexta haec manus, illa sinistra,
Hic utroque fuit nixa recurva genu.
Linteaque officii variavit gutta recentis,
Sordida siccato culcita facta loco est.
Quid jaceo fessus ? Latus hoc quid debile rupit ?
Membraque qui lentus caeteta langor habet ? […]

(in Elegiae jocosae et festivae [1489])

Enea Silvio Piccolomini (1405-1464) : Nénette à son amant / Puella in Amatorem

Tu m’appelles de nuit, mais la nuit je la dois
À mon mari ; c’est mal, de bafouer ses droits.
Il passe tout le jour dans le champ de son père :
Pourquoi de nuit, puisque tu peux à la lumière ?
Tu as peut-être peur que je te voie tout nu ?
À aimer dans le noir, moi, mon plaisir est nul !
Que sert, de nuit, aux filles d’être bien fichues ?
– Plus d’une vieille bique y trompe son crédule.
Pour me faire plaisir : viens donc plutôt de jour !
Car dans le noir, je ne te trouve aucun glamour.

***

Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

***

Noctu me quaeris, sed habet me nocte maritus:
jura maritorum laedere, crede, nefas.
Ille diem patrio totam consumit in agro:
cur me nocte petis, tempora lucis habens?
Forsitan et totus nudusque viderier horres?
Mi tenebrosa potest nulla placere venus.
Quid prodest noctu formosas esse puellas?
Saepe fuit juvenis credita turpis anus.
Ergo placere magis si vis mihi, luce venito:
nam mihi per tenebras gratia nulla tui est.

(in Carmina selecta, 1, carmen 66b)

Jean Second / Johannes Secundus (1511-1536) : Les Baisers, 4 / Basia, IV

Les baisers de Néère ont le goût du nectar,
Ils coulent dans le cœur comme rosée doucette
Avec un goût de thym, de cannelle, de nard
Et de miel butiné sur les monts de l’Hymette
Par l’abeille d’Attique ou parmi les rosiers,
Çà et là, protégé de cire virginale,
Et mis sous le couvert de corbeilles d’osier.

Qu’à pleine bouche elle m’en donne d’innombrables,
Je me transformerai d’un coup en immortel,
Et jouirai des repas des plus grands de nos dieux.
Mais épargne, Néère, épargne-moi un tel
Don, ou te fais déesse avec moi dans les cieux :
Sans toi ne veux paraître à la table des dieux,
Dussent – sauf Jupiter – les Très-Hauts m’obliger
À tenir le haut bout dans le rouge empyrée.

***

Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.
Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

***

Non dat basia, dat Neaera nectar,
dat rores animae suaveolentes,
dat nardumque, thymumque, cinnamumque,
et mel, quale iugis legunt Hymetti,
aut in Cecropiis apes rosetis,
atque hinc virgineis et inde ceris
saeptum vimineo tegunt quasillo.

Quae si multa mihi voranda dentur,
immortalis in iis repente fiam,
magnorumque epulis fruar deorum.
Sed tu munere parce, parce tali,
aut mecum dea fac, Neaera, fias:
non mensas sine te volo deorum:
non si me rutilis praeesse regnis,
excluso Iove, di deaeque cogant.

Giovanni Pontano (Joannis Pontanus) (1429-1503) : Pour Terina / Ad Terinam

Avec toi je voudrais, si je puis, Terina
– Chat ou pas dans la gorge, et goutte au nez ou pas –,
Avec toi réchauffer toutes nuits de frimas.

Ô nuits où j’atteindrai jusqu’au septième ciel !
Ô sommeils sans limite et titillés d’envies !
Moi que, ma Terina, sur ta couche attiédie,
Moi que réchaufferont tes brassées fraternelles,
Moi que, coquinement, de tes lèvres rosées
Tu suceras tandis… que tu seras baisée.
– Ô nuits où j’atteindrai jusqu’au septième ciel !

N’y va pas, Terina, d’un doigt qui soit féroce,
N’y va pas, Terina, d’une canine rosse.
Ah oui, faisons tomber au sol le couvre-lit,
Faisons danser au lit la danse de saint-guy !
N’y va pas Terina, d’aucune cruauté,
Ou alors voici l’art dont tu peux y aller
(Et procède avec moi suivant cette leçon) :

Souffre tantôt d’être vaincue, et tantôt non,
Prodigue tes baisers, puis refuse-les-moi.
Mêle aux larmes le rire, aux chichis les émois,
Et tempère d’amer le sucre de tes mots.

À terme, tu pourras, ô Terina, bientôt
Te livrer avec moi à des jeux apaisés,
Et ceignant le vieillard de tes tendres brassées
Lui donner des plaisirs un peu plus délicats,
Lui tenir des propos un tantinet grivois,
Modeler la débauche en moule plus fripon,
T’adonner à des jeux gentiment polissons,
Et consacrer la nuit à d’amoureux ébats
Jusqu’au point du sommeil tiré de tes yeux las.


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.


Tecum, si liceat, velim, Terina,
(me tussis licet et premat gravedo)
tecum has frigidulas fovere noctes.

O noctes mihi ter quater beatas,
o somnos sine fine prurientes,
me cum sub tepido, Terina, lecto,
me cum sub teneris fovebis ulnis,
me cum roscidulis procax labellis
et suges simul osculaberisque.
O noctes mihi ter quater beatas.

Ne tu, ne digitis, Terina, saevi,
ne saevi aridulo, Terina, dente.
Ah quid pallia lectulo excidere?
Ah quid lectulus ipse subtremescit?
Ne saevi, rogo, ne, Terinna, saevi.
Sic, sic, o mea, saevias licebit,
hac mecum ratione litigato:

nunc vinci patiare, nunc repugna,
et nunc oscula porge, nunc negato.
Nunc risum lacrimis iocisque fletum
misce et dulcia verba tinge amaris.

Haec cum feceris, o Terina, mox te
ad lusus placidos resolve mecum,
complexa et teneris senem lacertis
ludas delicias venustiores,
dicas blanditias procaciores,
fingas nequitiam proterviorem,
et ludos, age, fac licentiores
et noctem quoque duc amantiorem,
dum lassis sopor instet ex ocellis.

(in Amores, 1513)


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