Horace : Invitation à boire (Vile potabis modicis Sabinum cantharis, in Odes, I, 20)

Tu boiras d’un petit sabin¹ – par mes soins mis
en cruchon grec et cacheté – dans des canthares…
mais sans risque d’excès, toi qui fus applaudi
________au théâtre, si fort,

cher Mécène « de l’ordre équestre », que les rives
de ton fleuve ancestral et le mont Vatican
ensemble ont répété les guillerets échos
________des acclamations.

Tu peux, toi, boire du cécube², et d’une grappe
qu’à Calès un pressoir a domptée ; moi, mes coupes
on n’y trouve assemblés ni vignes de Falerne
________ni coteaux de Formies.

¹ Le vin du pays des Sabins était réputé exécrable ; la quantité qu’en boira Mécène sans faire la grimace ne risque pas d’excéder la capacité des canthares (qui sont des coupes de grande contenance).
² Cécube, vin de Calès, Falerne, Formies, sont les grands crûs de l’Italie de l’Antiquité.

Vile potabis modicis Sabinum
cantharis, Graeca quod ego ipse testa
conditum levi, datus in theatro
____cum tibi plausus,

care Maecenas eques, ut paterni
fluminis ripae simul et iocosa
redderet laudes tibi Vaticani
____montis imago.

Caecubum et prelo domitam Caleno
tu bibes uvam; mea nec Falernae
temperant vites neque Formiani
____pocula colles.


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Horace : A Philydé (Caelo supinas si tuleris manus, in Odes, III, 23)

Si mains levées au ciel tu renverses tes paumes
à lune renaissante, agreste Philydé,
____et apaises, d’encens, les Lares,
__de grain de l’année, d’une truie vorace :

le pestifère vent d’Afrique épargnera
ta vigne généreuse, et la rouille mortelle :
____ton blé ; la saison mauvaise :
__tes doux nourrissons – quand les fruits mûrissent.

L’agneau qui va paissant sur l’Algide enneigé,
parmi le chêne et l’yeuse, ou grandit en victime
____promise dans les prés albains,
__son cou rougira la hache du prêtre.

Mais à rien ne te sert de vouloir te gagner,
massacrant un troupeau d’animaux de deux ans,
____les petits dieux que tu couronnes
__de myrte fragile et de romarin.

Une main, si sans tache elle touche l’autel
– et sans l’appât d’une victime plus cossue –,
____calme les Pénates hostiles
__de froment pieux, de sel qui crépite.


Caelo supinas si tuleris manus
nascente luna, rustica Phidyle,
__si ture placaris et horna
_fruge Lares avidaque porca

nec pestilentem sentiet Africum
fecunda vitis nec sterilem seges
__robiginem aut dulces alumni
_pomifero grave tempus anno.

Nam quae nivali pascitur Algido
devota quercus inter et ilices
__aut crescit Albanis in herbis
_victima, pontificum securis

cervice tinguet; te nihil attinet
temptare multa caede bidentium
__parvos coronantem marino
_rore deos fragilique myrto.

Inmunis aram si tetigit manus,
non sumptuosa blandior hostia
__mollivit aversos Penatis
_farre pio et saliente mica.


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Horace : A Ligurinus (O crudelis adhuc et Veneris muneribus potens, in Odes, IV, 10)

Ô toi cruel jusqu’à ce jour, __que dote puissamment Vénus,
lorsqu’un encor lointain duvet__prendra de court ta suffisance,
que tes cheveux seront coupés__flottant pour l’heure à tes épaules
et que ton teint, pour l’heure plus__vermeil que fleur de rosier,
mettra, changeant, Ligurinus__face à un raboteux visage,
chaque fois que tu te verras,__dans le miroir, autre, malheur ! :
« Mes idées d’aujourd’hui, que n’eus-je__enfant les mêmes », diras-tu,
« ou que, avec ce présent cœur,__ne me reviennent des joues fraîches ! »


O crudelis adhuc et Veneris muneribus potens,
insperata tuae cum veniet pluma superbiae
et, quae nunc umeris involitant, deciderint comae,
nunc et qui color est puniceae flore prior rosae
mutatus Ligurinum in faciem verterit hispidam,
dices, heu, quotiens te speculo videris alterum:
« Quae mens est hodie, cur eadem non puero fuit,
vel cur his animis incolumes non redeunt genae! »


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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Horace : Fêtons Neptune (Festo quid potius die Neptuni faciam?, in Odes, III, 28)

____C’est fête de Neptune, et qu’ai-je
de mieux à faire ? extirpe donc de sa cachette,
____Lydé, prestement le cécube,
et force la sagesse en ses retranchements.

____Tu vois, l’après-midi s’incline,
et comme si le jour s’arrêtait en plein vol,
____tu boudes à tirer des combles
une amphore endormie depuis sous Bibulus ?

____Nous chanterons l’irréductible
Neptune, et la toison – verte – des Néréides,
____tu diras, sur la lyre courbe,
Latone, et de la Cynthienne les traits vifs.

____L’ultime chant, pour qui tient Cnide
et les Cyclades fulgurantes, et visite
____Paphos en attelage à cygnes ;
une juste berceuse, aussi, dira la nuit.


___Festo quid potius die
Neptuni faciam? Prome reconditum,
___Lyde, strenua Caecubum
munitaeque adhibe vim sapientiae.

___Inclinare meridiem
sentis ac, veluti stet volucris dies,
___parcis deripere horreo
cessantem Bibuli consulis amphoram?

___Nos cantabimus invicem
Neptunum et viridis Nereidum comas,
___tu curua recines lyra
Latonam et celeris spicula Cynthiae;

___summo carmine, quae Cnidon
fulgentisque tenet Cycladas et Paphum
___iunctis visit oloribus;
dicetur merita Nox quoque nenia.


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Horace : A Chloris (Uxor pauperis Ibyci, in Odes, III, 15)

_____Femme de ce gueux d’Ibycus,
tu devrais mettre un terme à ton libertinage
_____ et à ton trop fameux métier ;
ta mort est mûre et toute proche, cesse donc
_____tes jeux avec les jouvencelles,
et tes jets de brouillard sur l’éclat des étoiles.
_____Ce qui convient à Pholoé,
n’est plus pour toi, Chloris. Ta fille, et c’est normal,
_____s’empare du toit des garçons,
telle Bacchante émue d’un frappé de tambour.
_____L’amour de Nothus la pousse, elle,
à folâtrer, pareille aux frivoles chevrettes :
_____à toi, la laine, tondue près
de Lucérie la réputée, pas la cithare,
_____ni le pourpre bouton de rose,
ni cruchon bu jusqu’à la lie, petite vieille !


___Uxor pauperis Ibyci,
tandem nequitiae fige modum tuae
___famosisque laboribus;
maturo propior desine funeri
___inter ludere virgines
et stellis nebulam spargere candidis.
___Non, si quid Pholoen satis,
et te, Chlori, decet. Filia rectius
___expugnat iuvenum domos,
pulso Thyias uti concita tympano.
___Illam cogit amor Nothi
lascivae similem ludere capreae:
___te lanae prope nobilem
tonsae Luceriam, non citharae decent
___nec flos purpureus rosae
nec poti vetulam faece tenus cadi.


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Horace : J’ai vu Bacchus ! (Bacchum in remotis carmina rupibus, in Odes, II, 19)

Bacchus ! sur un écart de roches, je l’ai vu
d’hymnes instruire – il faut, Postérité, m’en croire –
__ses disciples, les Nymphes – et Satyres
__à pieds de chèvre de pointer l’oreille.

Fraîche crainte, évoé ! j’en ai l’âme qui tremble,
plein le cœur de Bacchus, c’est un émoi, c’est une
__liesse. Évoé ! Liber, fais-moi grâce,
__grâce ! – à raison je crains ton thyrse lourd.

Je peux – j’en ai le droit – entonner les Thyiades
et leur ténacité, la fontaine de vin,
__les ruisseaux regorgeant de lait, redire
__le miel s’écoulant des troncs d’arbres creux,

l’ajout – j’en ai le droit – de la couronne, aux astres,
de l’heureuse épousée, la maison de Penthée
__détruite et son cruel effondrement,
__et la chute de Lycurgue de Thrace !______

Tu soumets les cours d’eau, l’océan des Barbares,
toi le Buveur ! et au secret, dans les montagnes,
__ noues sans péril, dans un nœud de vipères,__
__les cheveux des femmes de Bistonie.

Quand des Géants impies la cohorte montait
au royaume escarpé de ton père, tu fis,
__en lion changé, reculer Rhétus
__face à l’effroi des griffes, des mâchoires ;

– on te disait pourtant plutôt porté à rire,
danser, jouer ; on t’accordait peu d’aptitude
__pour le combat ; mais tu étais le même
__en temps de paix comme parmi la guerre.

Cerbère te voyant, cornu d’or, magnifique,
s’en vint, inoffensif, contre toi gentiment
__frotter sa queue, et – tu partais – lécher
__tes pieds, tes jambes, de sa langue triple.


Bacchum in remotis carmina rupibus
vidi docentem, credite posteri,
__Nymphasque discentis et auris
__capripedum Satyrorum acutas.

Euhoe, recenti mens trepidat metu
plenoque Bacchi pectore turbidum
__laetatur. Euhoe, parce Liber,
__parce, gravi metuende thyrso.

Fas pervicacis est mihi Thyiadas
uinique fontem lactis et uberes
__cantare rivos atque truncis
__lapsa cavis iterare mella;

fas et beatae coniugis additum
stellis honorem tectaque Penthei
__disiecta non leni ruina,
__Thracis et exitium Lycurgi.

Tu flectis amnes, tu mare barbarum,
tu separatis uvidus in iugis
__nodo coerces viperino
__Bistonidum sine fraude crinis.

Tu, cum parentis regna per arduum
cohors Gigantum scanderet inpia,
__Rhoetum retorsisti leonis
__unguibus horribilique mala;

quamquam, choreis aptior et iocis
ludoque dictus, non sat idoneus
__pugnae ferebaris; sed idem
__pacis eras mediusque belli.

Te vidit insons Cerberus aureo
cornu decorum leniter atterens
__caudam et recedentis trilingui
__ore pedes tetigitque crura.


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Horace : A Postumus (Eheu fugaces, Postume, Postume, in Odes, II, 14)

Hélas, elles s’enfuient, Postumus, Postumus,
s’écoulent, les années, la piété ne freine
____ni rides ni vieillesse instante
____non plus que la mort indomptée

dusses-tu, tous les jours qui nous viennent, l’ami,
par trois cents bœufs fléchir Pluton l’infléchissable,
____qui retient Géryon au corps
____triple et Tityos, entourés

d’une eau triste que tous, nous qui nous repaissons
des présents de la terre, embarqués nous devrons
____traverser, que nous soyons rois
____ou misérables laboureurs.

En vain réchappons-nous aux cruautés de Mars,
aux flots brisés de la rauquante Adriatique,
____en vain redoutons-nous, l’automne,
____l’Auster mauvais pour la santé :

notre sort est de voir le cours languide errer
du noir Cocyte, et les infâmes descendants
____de Danaüs, l’éolien
____Sysiphe aux durs travaux contraint.

Terre, maison, plaisante épouse il te faudra
abandonner ; aucun des arbres que tu soignes,
____hormis le cyprès odieux
____ne te suivra, maître éphémère ;

un plus digne héritier boira tout ton Cécube
gardé par cent verrous, et teindra le pavé
____d’un glorieux vin pur, et propre
____à des agapes de pontifes.


Eheu fugaces, Postume, Postume,
labuntur anni nec pietas moram
__rugis et instanti senectae
__adferet indomitaeque morti,

non, si trecenis quotquot eunt dies,
amice, places inlacrimabilem
__Plutona tauris, qui ter amplum
__Geryonen Tityonque tristi

compescit unda, scilicet omnibus
quicumque terrae munere vescimur
__enaviganda, sive reges
__sive inopes erimus coloni.

Frustra cruento Marte carebimus
fractisque rauci fluctibus Hadriae,
__frustra per autumnos nocentem
__corporibus metuemus Austrum:

uisendus ater flumine languido
Cocytos errans et Danai genus
__infame damnatusque longi
__Sisyphus Aeolides laboris.

Linquenda tellus et domus et placens
uxor, neque harum quas colis arborum
__te praeter inuisas cupressos
__ulla brevem dominum sequetur;

absumet heres Caecuba dignior
servata centum clavibus et mero
__tinguet pavimentum superbo,
__pontificum potiore cenis.


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Horace : A Pyrrha (Quis multa gracilis te puer in rosa, in Odes, I, 5)

Quel freluquet de galantin sur maintes roses
te presse, ruisselant de liquides parfums,
___en quelque antre, Pyrrha, charmant ?
___Pour qui noues-tu tes blonds cheveux ,

simple, élégante ? – Hélas, il va pleurer souvent
sur ta fidélité, le changement des dieux,
___abasourdi par la mer âpre
___de trombes noires , le béjaune

qui pour l’heure de toi, « sa Dorée », jouit, naïf,
t’espérant toujours sienne et toujours amoureuse,
___ignorant que les brises sont
___fourbes. Malheureux, qui te voit

briller sans te connaître ! – Un ex-voto l’indique
sur la paroi sacrée : j’ai voué, quant à moi,
___mes vêtements dégorgeant d’eau
___au dieu souverain de la mer.


Quis multa gracilis te puer in rosa
perfusus liquidis urget odoribus
___grato, Pyrrha, sub antro?
___cui flavam religas comam,

simplex munditiis? Heu quotiens fidem
mutatosque deos flebit et aspera
___nigris aequora ventis
___emirabitur insolens,

qui nunc te fruitur credulus aurea,
qui semper vacuam, semper amabilem
___sperat, nescius aurae
___fallacis. Miseri, quibus

intemptata nites. Me tabula sacer
votiva paries indicat uvida
___suspendisse potenti
___vestimenta maris deo. ___


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Horace : A Tyndaris (Velox amoenum saepe Lucretilem, in Odes, I, 17)

« Pour l’exquis Lucrétile il quitte fréquemment
le Lycée, Faune le véloce, et de l’été
___brûlant vient protéger mes chèvres
___sans trêve, et des vents pluvieux.

Sans risque, au sûr des bois, quêtant l’arbousier
des couverts, pour le thym s’écartent de la sente
___ces dames au mari punais,
___sans craindre la couleuvre verte,

ni, chevrettes, les loups – qui sont bêtes de Mars –,
chaque fois, Tyndaris, que quelque doux syrinx
___fait résonner vallées et roches
___polies de la basse Ustica.

J’ai la faveur des dieux qui ont ma piété,
ma muse à cœur. Ici, pour toi s’écouleront
___les riches fruits de la campagne
___à pleine corne d’abondance ;

Ici, au creux de la vallée, sauve d’été
caniculaire, sur la lyre de Téos
___tu diras, du même homme en peine,
___Pénélope et Circé la belle.

Ici, tu goûteras les coupes d’un gentil
lesbos, à l’ombre, et fils, Bacchus, de Sémélé
___avec Mars point ne se battra,
___tu n’auras pas à craindre l’ire,

les soupçons de Cyrus, ni qu’en une inégale
lutte il porte sur toi ses paumes frénétiques
___ et qu’il abîme ton bandeau
___floral et ta robe innocente. »


Velox amoenum saepe Lucretilem
mutat Lycaeo Faunus et igneam
__defendit aestatem capellis
__usque meis pluviosque ventos.___

Inpune tutum per nemus arbutos
quaerunt latentis et thyma deviae
__olentis uxores mariti
__nec viridis metuunt colubras

nec Martialis haediliae lupos,
utcumque dulci, Tyndari, fistula
__valles et Usticae cubantis
__levia personuere saxa.______

Di me tuentur, dis pietas mea__
et Musa cordi est. Hic tibi copia
__manabit ad plenum benigno
__ruris honorum opulenta cornu;

hic in reducta valle Caniculae
vitabis aestus et fide Teia
__dices laborantis in uno
__Penelopen vitreamque Circen;

hic innocentis pocula Lesbii
duces sub umbra nec Semeleius
__cum Marte confundet Thyoneus____
__proelia nec metues protervum

suspecta Cyrum, ne male dispari
incontinentis iniciat manus
__et scindat haerentem coronam
__crinibus inmeritamque vestem.


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Horace : A une amphore (O nata mecum consule Manlio, in Odes, III, 21)

Née avec moi quand Manlius était consul,
toi qui portes en toi les plaintes et les jeux,
____les rixes, les folles amours,
____pieuse amphore somnifère,

À quelque fin que vendangé fût le Massique
que tu contiens : descends, digne qu’on te dérange
____au jour J : Corvinus ordonne
____qu’on verse un vin qu’assagit l’âge.

Cet homme, tout confit en sermons socratiques,
n’est point du genre abrupt et à te repousser :
____sa vertu, l’antique Caton
____l’échauffait, dit-on, de vin pur.

Dans un cœur dur à l’ordinaire, tu remues
une douce torture et dévoiles des sages
____les tracas, les pensées secrètes
____chaque fois qu’est en joie Bacchus.

Tu ramènes l’espoir aux âmes tourmentées,
et de force taurine accrois le miséreux
____après toi sans peur des rois à
____plumet, des soldats en armes.

Et Liber et Vénus – si joyeuse elle en est –,
et les Grâces inséparables, les flambeaux
____vivants t’escorteront à l’heure
____où vient Phébus, chassant les astres.


O nata mecum consule Manlio,
seu tu querellas sive geris iocos
_seu rixam et insanos amores
_seu facilem, pia testa, somnum,

quocumque lectum nomine Massicum
servas, moveri digna bono die,
_descende, Corvino iubente
_promere languidiora vina.

Non ille, quamquam Socraticis madet
sermonibus, te negleget horridus:
_narratur et prisci Catonis
_saepe mero caluisse virtus.

Tu lene tormentum ingenio admoves
plerumque duro; tu sapientium
_curas et arcanum iocoso
_consilium retegis Lycaeo.

Tu spem reducis mentibus anxiis
viresque et addis cornua pauperi
_post te neque iratos trementi
_regum apices neque militum arma.

Te Liber et si laeta aderit Venus__
segnesque nodum solvere Gratiae
_vivaeque producent lucernae,
_dum rediens fugat astra Phoebus.


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle. Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.

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